Menu
Libération
Guerre Hamas-Israël

Israël : la Cour suprême ordonne la conscription des étudiants ultraorthodoxes

Les étudiants des écoles talmudiques étaient jusqu’à présent exemptés du service militaire. Mais l’offensive sur Gaza en cours depuis plusieurs mois a accru les besoins de l’armée israélienne.
Des étudiants ultraorthodoxes à Bnei Brak le 27 février 2024. (Menahem Kahana/AFP)
publié le 25 juin 2024 à 12h18

Une décision qui pourrait avoir de fortes répercussions sur la société et la politique de l’Etat hébreu. La Cour suprême israélienne a ordonné, ce mardi 25 juin, la conscription des étudiants ultraorthodoxes en écoles talmudiques, jusqu’ici exemptés, sur fond de débats au Parlement et au sein du gouvernement sur le sujet.

«L’exécutif n’a pas l’autorité pour ordonner de ne pas appliquer la loi sur le service militaire aux étudiants de yeshiva [écoles talmudiques, ndlr] en l’absence d’un cadre légal adéquat, a jugé la Cour. Sans ancrer cette exemption dans un cadre légal, l’Etat doit agir pour imposer la loi.» «Dans l’état actuel des choses, la non-exécution de la loi sur le service militaire crée une grande discrimination entre ceux qui sont tenus de le faire et ceux pour qui les mesures ne sont pas prises pour les mobiliser [au sein de l’armée]», a-t-elle estimé. «En ce moment, en plein milieu d’une guerre difficile, l’inégalité du fardeau est plus marquée que jamais et requiert la mise en place d’une solution durable», d’après la Cour.

Cette décision intervient alors que le Parlement israélien a relancé, le 11 juin, un projet de loi en vue d’une conscription progressive des ultraorthodoxes, sur fond de guerre dans la bande de Gaza. Le service militaire est obligatoire en Israël, mais les juifs ultraorthodoxes peuvent y échapper s’ils se consacrent à l’étude des textes sacrés du judaïsme, en vertu d’une exemption instaurée par David Ben Gourion, fondateur de l’Etat d’Israël, en 1948.

Quantité négligeable dans les premières années de l’Etat hébreu, les ultraorthodoxes haredim les «craignant-Dieu» en hébreu – représentent désormais 13,5 % de la population du fait de leur explosion démographique continue.

Un texte loin de répondre aux besoins effectifs de l’armée

Certains détracteurs estiment donc que le texte étudié par le Parlement, soutenu par le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, – les haredim sont ses inamovibles alliés – mais critiqué par le ministre de la Défense, Yoav Gallant, est loin de répondre aux besoins en effectifs de l’armée israélienne depuis l’attaque du 7 octobre menée par le mouvement islamiste palestinien du Hamas.

L’un des plaignants devant la Cour suprême, le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël, a appelé «le gouvernement et le ministre de la Défense à respecter [cette] décision» et «à mobiliser les étudiants de yeshiva». Le chef du parti ultra-orthodoxe Judaïsme unifié de la Torah, Yitzhak Goldknopf, a quant à lui critiqué «une décision attendue, fort malheureuse et décevante». «L’Etat d’Israël a été fondé pour être le foyer du peuple juif, pour qui la Torah est le socle, a-t-il écrit sur X. La sainte Torah sera victorieuse.»