Quelques heures après avoir ciblé les abords du palais présidentiel, l‘aviation israélienne a mené de nouvelles frappes à travers la Syrie dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 mai, les bombardements «les plus violents» depuis le début de l’année, a déclaré l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon cette ONG, qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, «plus de 20 frappes israéliennes ont visé des entrepôts et des sites militaires à Deraa, près de Damas et dans les régions de Hama et de Lattaquié».
L’agence officielle syrienne Sana a annoncé qu’un «civil» a été tué dans les environs de la capitale, l’armée israélienne confirmant de son côté avoir visé des infrastructures militaires près de la capitale de la Syrie, pays avec lequel Israël est toujours en état de guerre.
Dans le courant de la matinée, un communiqué militaire a fait savoir que l‘armée israélienne «est déployée dans le sud de la Syrie et est prête à empêcher l’entrée de forces hostiles dans la zone des villages druzes», sans donner plus de précisions sur le nombre de troupes israéliennes en Syrie, ni l’étendue de ce déploiement.
Reportage
Peu de temps après, l‘envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie a appelé Israël à stopper sans plus tarder son offensive. «Je condamne fermement les violations continues et croissantes de la souveraineté de la Syrie par Israël, y compris les multiples frappes aériennes à Damas et dans d’autres villes», a écrit Geir Pedersen dans un communiqué, demandant «que ces attaques cessent immédiatement et qu’Israël cesse de mettre en danger les civils syriens et respecte le droit international ainsi que la souveraineté, l’unité, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Syrie».
Depuis la chute du président Bachar al-Assad en décembre, Israël, qui considère les nouvelles autorités avec méfiance, a mené des centaines d’attaques contre des sites militaires en Syrie, affirmant vouloir empêcher que des armes ne tombent entre les mains des nouvelles autorités qu’il qualifie de «jihadistes». L’Etat hébreu a aussi envoyé des troupes dans une zone démilitarisée du plateau du Golan.
Vendredi à l’aube, Israël avait annoncé avoir bombardé près du palais présidentiel d’Ahmed al-Charaa, en guise d’avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie. Ce que la présidence syrienne a qualifié de «dangereuse escalade» a aussi été condamné par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
«Message clair au régime syrien»
Ces faits sont survenus après des violences confessionnelles en début de semaine entre groupes armés liés au pouvoir syrien et combattants druzes qui ont fait plus de 100 morts près de Damas et dans le sud, voisin d’Israël, selon l’OSDH.
Selon l’analyste indépendant Michael Horowitz, Israël «espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain».
«C’est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces [syriennes] soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze», ont affirmé le Premier ministre Benyamin Nétanyahou et son ministre de la Défense, Israël Katz.
Analyse
En réaction, le Qatar a fustigé une «agression flagrante contre la souveraineté» de la Syrie, tandis que l’Arabie Saoudite a «réaffirmé son rejet catégorique des agressions israéliennes sapant la stabilité» du pays. «La Syrie ne doit pas devenir le terrain de jeu des tensions régionales» a mis en garde l’Allemagne, appelant le nouveau pouvoir syrien à assurer «la protection de la population civile» et «tous les acteurs» à «la plus grande retenue».
Israël avait menacé d’agir «avec force» si Damas ne protégeait pas sa communauté druze. Depuis l’arrivée au pouvoir, le 8 décembre, d’une coalition menée par des islamistes sunnites, Israël a pris fait et cause pour les druzes de Syrie. Cette communauté ésotérique, issue d’une branche de l’islam chiite, est également implantée en Israël et au Liban.
Dans ce contexte, le président Ahmed al-Charaa a reçu vendredi à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, qui avait appelé ses coreligionnaires en Syrie à «refuser l’ingérence d’Israël».
Mise à jour à 12 h 30, avec l’ajout du communiqué de l‘envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie.