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Proche-Orient

«Israël ne veut pas qu’on voie» : le «Handala» intercepté alors qu’il approchait des côtes de Gaza

Le nouveau bateau de la «Flottille pour la liberté», chargé d’aide humanitaire et avec à son bord dix-neuf militants dont deux élues LFI, a été arraisonné par Tsahal samedi soir.
L'équipage du «Handala», lors de son départ du port de Syracuse, en Sicile, le 13 juillet. (Giovanni Isolino /AFP)
publié le 27 juillet 2025 à 9h05
(mis à jour le 27 juillet 2025 à 19h28)

Une nouvelle tentative, et un nouvel arraisonnement. L’armée israélienne a intercepté le bateau Handala exploité par le mouvement propalestinien «Flottille pour la liberté» qui approchait de Gaza chargé d’aide humanitaire, selon des images diffusées en direct samedi 26 juillet au soir par le groupe. «La marine israélienne a empêché le navire Navarn [son nom d’origine, le nouveau faisant référence à un personnage d’une bande dessinée symbole de la résistance palestinienne, ndlr] d’entrer illégalement dans la zone maritime au large de la côte de Gaza. Le navire fait route en toute sécurité vers les côtes d’Israël», a annoncé le ministère des Affaires étrangères israélien sur X. «Tous les passagers sont en sécurité», a-t-il précisé, ajoutant que «des tentatives non autorisées de briser le blocus sont dangereuses, illégales, et sapent les efforts humanitaires en cours». L’armée israélienne avait prévenu plus tôt qu’elle appliquerait «le blocus légal de sécurité maritime de la bande de Gaza». Le navire a été acheminé jusqu’en Israël, et les membres d’équipage appréhendés par les autorités palestiniennes. L’ONG israélienne Adalah a dit avoir rencontré les militants, détenus dans le port d’Ashdod, dans le centre du pays, pour leur fournir une aide juridique.

Les images diffusées en ligne par les militants les montraient assis sur le pont du Handala les mains en l’air, et sifflant la chanson antifasciste italienne Bella Ciao, cependant que les soldats prenaient le contrôle du navire. Elles ont été coupées quelques minutes plus tard. Dans un message sur les réseaux sociaux, la Flottille pour la liberté a indiqué que «le Handala a été intercepté et abordé illégalement par les forces israéliennes alors qu’il se trouvait dans les eaux internationales». Un outil de suivi en ligne montre que le navire se trouvait à environ 50 kilomètres de la côte égyptienne et à 100 kilomètres à l’ouest de Gaza lorsqu’il a été intercepté.

«On sait tous pourquoi on est là»

Le bateau avait quitté le 13 juillet le port italien de Syracuse, en Sicile, avec à son bord 19 militants de nationalités diverses, parmi lesquels deux élues de LFI, Gabrielle Cathala et Emma Fourreau, ainsi que deux journalistes. Cet ancien chalutier norvégien transporte du matériel médical, des denrées alimentaires, des équipements pour enfants ainsi que des médicaments. L’expédition, financée par des campagnes de dons, visait à briser le blocus israélien imposé à la bande de Gaza, en proie à une crise humanitaire majeure, et à y acheminer de l’aide.

L’équipage du Handala avait indiqué sur X qu’il entamerait une grève de la faim si le bateau venait à être intercepté par l’armée israélienne et ses passagers détenus. Jointe avant l’arraisonnement par Libération, la députée Gabrielle Cathala réaffirmait la motivation de l’équipage : «On sait tous pourquoi on est là, on croit tous dans le sens de cette mission, d’autant plus au regard de la situation et de la famine à Gaza. Ils [Israël, ndlr] ne veulent pas qu’on voie. Ils ne veulent pas qu’il y ait une image de nous qui arrivions à Gaza, qui montrions leur défaillance sécuritaire et qui fassions des zooms sur une ville détruite.» Sur la réaction que l’équipage aurait face à l’arrestation par l’Etat hébreu, elle expliquait simplement que «chacun est libre de faire ce qu’il veut et de trouver sa forme de résistance».

«Aucun droit»

«Les voyous de Nétanyahou ont abordé le Handala. Ils attaquent 21 personnes désarmées dans des eaux internationales où ils n’ont aucun droit. Un kidnapping dans lequel deux parlementaires françaises sont victimes», a réagi sur X le leader du parti de gauche radicale français La France Insoumise Jean-Luc Melenchon. Dans un communiqué, le Hamas a pour sa part dénoncé un «nouveau crime de piraterie dans les eaux internationales avec l’interception du bateau humanitaire pour l’empêcher de rejoindre la bande de Gaza assiégée, victime de génocide et de famine».

L’arraisonnement du Handala intervient six semaines après celle du Madleen, un autre navire de la flottille parti d’Italie le 1er juin. Ce voilier avec à son bord 12 militants, dont l’écologiste Greta Thunberg et l’eurodéputée LFI Rima Hassan, avait été intercepté à environ 185 kilomètres à l’ouest de la côte de Gaza et conduit en Israël. Ses occupants avaient ensuite été expulsés vers leurs pays d’origine.

Mise à jour à 19 h 28 avec la situation de l’équipage en Israël.