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Libération
Reportage

Israël-Palestine : moribond mais debout, le camp de la paix veut «aider notre humanité à guérir»

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Conflit israélo-palestiniendossier
Chaque année depuis 2005, des milliers d’Israéliens et Palestiniens participent à une cérémonie du souvenir. Diffusée ce dimanche, elle offre une rare occasion, dans le contexte actuel, de parler de la paix et de la coexistence.
La cérémonie a été enregistrée en avance pour des raisons de sécurité, dans un village du centre d'Israël, le 8 mai 2024. (Tal Barak )
par Nicolas Rouger, correspondant à Tel-Aviv
publié le 12 mai 2024 à 18h50

Abraham Rahamim est mort au combat pendant la guerre des Six Jours. En 1967, son fils Yuval avait 8 ans. «Tout ce que je voulais, c’était tuer des Arabes», raconte-t-il dans un sourire gêné. Il aura fallu plus de quarante ans pour que Yuval se rende compte que sa soif de vengeance était comme une plaie sans cesse rouverte. En 2010, il a rejoint les 600 membres du Forum des familles israéliennes et palestiniennes endeuillées, fondé en 1995. Il en est aujourd’hui le codirecteur.

Depuis dix-neuf ans, le Forum organise, avec les Combattants pour la paix, une cérémonie du souvenir conjointe entre Israéliens et Palestiniens. C’est devenu au fil des années, «le plus gros évènement pour la paix sur la planète», disent fièrement les chargés de communication. En 2023, il avait rassemblé 15 000 personnes à Tel-Aviv, 200 000 à travers le monde.

Cette année, impossible d’organiser une cérémonie en présentiel. «Avec la Cisjordanie sous blocus, ce n’est même pas la peine de tenter d’obtenir des permis pour les Palestiniens», explique Yuval. C’est aussi une question de sécurité. Dans le climat actuel, les organisateurs craignent que les quolibets et accusations de traîtrise de militants d’extrême droite puissent tourner à