Ils l’ont fait fissa dans la nuit de lundi à ce mardi 25 juillet. Quelques heures avant les vacances parlementaires, le Parlement israélien a adopté définitivement en troisième lecture une mesure clé de la réforme controversée de la justice portée par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Elle a été votée par les 64 élus de la coalition du Premier ministre. Une alliance politique qui comprend des partis juifs ultraorthodoxes et d’extrême droite. D’après le gouvernement Nétanyahou, cette mesure, qui vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats, est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs. La mesure votée lundi, la première de la réforme à devenir une loi, empêche la Cour suprême d’invalider une décision gouvernementale en jugeant de son «caractère raisonnable». Une clause qui avait contraint en janvier Benyamin Nétanyahou à démettre de ses fonctions le numéro 2 du gouvernement, Aryé Dery, condamné pour fraude fiscale, à la suite de l’intervention de la Cour suprême.
Pour leur part, les opposants à la réforme y voient une menace pour la démocratie et craignent qu’elle ouvre la voie à une dérive autoritaire. Ils ont déposé plusieurs appels à manifester ce mardi 25 juillet. Et accusent le Premier ministre, visé par un procès pour corruption, de vouloir utiliser cette réforme pour atténuer un éventuel jugement à son encontre. Lundi, Benyamin Nétanyahou a certes affirmé vouloir négocier avec l’opposition sur la suite du projet de réforme et «mener un dialogue entre nous». Pas de quoi convaincre le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, qui a rétorqué que «l’objectif de Nétanyahou était de faire taire les protestataires» et prévenu que la lutte ne faisait que commencer.
Les actions de protestations se sont multipliées ce mardi. Le barreau israélien a lancé un appel auprès de la Cour suprême pour l’invalidation de cette loi. Le syndicat des médecins appelle à une grève générale du service public, sauf pour les urgences. Le syndicat dénonce l’absence de dialogue entre les parties concernées et «des célébrations fêtant une victoire dans une guerre où il n’y a que des perdants».
«L‘objectif de Nétanyahou était de faire taire les protestataires»
Lundi, Arnon Bar-David, puissant chef de la centrale syndicale Histadrout, avait prévenu que «toute avancée unilatérale dans la réforme aurait des conséquences graves», brandissant la menace d’une «grève générale si besoin est». Dans ce contexte d’instabilité, la Bourse de Tel-Aviv, Tel Aviv Stock Exchange (Tase), a poursuivi mardi son mouvement de repli après une baisse de 2,21 % la veille. Ce mardi matin, plusieurs quotidiens israéliens affichaient une première page entièrement noire avec les mots «Jour noir pour la démocratie israélienne».
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Depuis son annonce en janvier, le projet de réforme de la justice a déclenché l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire d’Israël. Une mobilisation qui s’est intensifiée à l’approche du vote.
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— Yanir Cozin - יניר קוזין (@yanircozin) July 25, 2023
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Lundi soir, lors des manifestations qui se sont poursuivies tard dans la nuit, 58 personnes ont été interpellées par la police pour troubles à l’ordre public. Face à la foule, les forces de sécurité n’ont pas hésité à faire usage de canons à eau pour disperser des manifestants qui tentaient de bloquer des axes principaux à Jérusalem et Tel-Aviv.
La police dit avoir placé en garde à vue un homme soupçonné d’avoir blessé des manifestants lundi en conduisant sa voiture au milieu de protestataires qui bloquaient une autoroute. Les manifestations ont attiré des Israéliens de tous les horizons politiques et sociaux, laïques ou religieux, militants pacifistes, cols-bleus ou travailleurs du secteur de la technologie mais aussi des réservistes de l’armée, dans un contexte de montée des violences israélo-palestiniennes.