Le Covid, la guerre à Gaza ou en Iran, son état de santé, l’influence de Trump… sans compter une ribambelle de recours juridiques. Benyamin Nétanyahou continue de tout tenter pour repousser le procès pour corruption qui s’est ouvert au printemps 2020. Cette fois, il a sollicité l’appui de son gouvernement pour voter en faveur du licenciement de Gali Baharav-Miara, la procureure générale d’Israël, nous apprend le média américain Axios.
Le gouvernement, et notamment son ministre de la Justice Yariv Levin, a assuré que le licenciement, une première dans l’histoire du pays, s’est trouvé justifié après qu’une «ligne rouge» a été franchie dans sa relation «conflictuelle» avec la magistrate. C’est notamment l’opposition plusieurs fois exprimée de Gali Baharav-Miara au très contesté projet de réforme de la justice et son refus de licencier, en mai, le patron du Shin Bet Ronen Bar, qui sont visés par l’exécutif.
Le licenciement a à peine eu le temps d’exister, la Cour suprême israélienne, que le projet de loi entend amplement déshabiller de son rôle de contre-pouvoir, ayant prévenu en amont qu’elle ne validerait pas la procédure, invalidant aussitôt une procédure «inappropriée». Comme le relate le journal Haaretz, pour destituer la magistrate, le gouvernement avait besoin de l’accord du même comité qui avait recommandé sa nomination. La plupart des membres de ce comité arrivant en fin de mandat, et face aux difficultés à trouver des remplaçants susceptibles de suivre ses recommandations, le gouvernement s’est donc octroyé le droit de nommer un comité ministériel, composé de membres acquis à sa cause.
230 000 euros de cadeaux
Quand bien même le vote paraissait mort-né, la magistrate y a répondu dans une lettre aux cabinets ministériels, y décelant une menace «de vengeance» à chaque fois qu’un magistrat voudra «enquêter sur un ministre, refusera d’arrêter une enquête criminelle sur un membre du gouvernement». Outre l’enquête pour corruption visant Nétanyahou et sa conjointe Sara, Gali Baharav-Miara explore les liens entre plusieurs conseillers du Premier ministre et le Qatar.
Analyse
Benyamin Nétanyahou et son épouse sont notamment accusés de «corruption, fraude et abus de confiance», pour avoir accepté des cadeaux somptueux (voyages, bijoux, places de concert, champagnes, cigares…) à hauteur d’un million de shekels (environ 230 000 euros) sur une dizaine d’années de la part de milliardaires, dont le producteur hollywoodien Arnon Milchan (Pretty Woman, Fight Club) en échange de cadeaux fiscaux et d’un coup de pouce pour obtenir un visa américain.
Déterminé à se défendre à tout prix, y compris en s’alliant à l’extrême droite, Benyamin Nétanyahou est accusé d’avoir tenté d’imposer sa réforme judiciaire pour échapper aux poursuites. Un projet de loi qui, dans le contexte pré-7 Octobre, a suscité une mobilisation sans précédent parmi la population israélienne, vent debout contre ce qui était décrit par le juriste David Khalfa dans Libération comme «un coup d’Etat institutionnel».