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Libération
Conflit

Selon «Haaretz», une enquête militaire confirme qu’une frappe israélienne a tué 5 enfants palestiniens à Gaza

Gaza, l'engrenagedossier
Selon le quotidien Haaretz, qui cite des sources militaires israéliennes, cinq mineurs tués le 7 août à Gaza auraient bien succombé à une frappe de Tsahal. Et non à tir raté de roquette par le Jihad islamique.
Des Palestiniens portaient le corps du jeune Najmuddin Najm pendant ses funérailles, à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 8 août. (Mohammed Abed/AFP)
publié le 16 août 2022 à 16h33
(mis à jour le 16 août 2022 à 22h12)

Leurs visages d’enfants sont encore présents sur des banderoles de deuil dans la bande de Gaza. Jamil Ihab Negm, Jamil Najmuddin Najm, Hamed Haider Najm, Muhammad Salah Najm et Nazmi Fayez Abu Karsh, âgés de 3 à 16 ans, ont été tués le 7 août dernier lors de l’opération «Aube naissante» menée par Israël sur l’enclave gazaouie.

D’après le quotidien Haaretz, qui s’appuie sur des sources militaires, une enquête interne de l’armée israélienne a conclu à la responsabilité de Tsahal dans le décès des cinq mineurs, qui ont succombé à une frappe aérienne en bordure du cimetière d’al-Faluja, à l’est de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Et non à un tir raté de roquette par le Jihad islamique, comme l’avaient initialement affirmé des officiers israéliens, sous couvert d’anonymat.

La veille, le 6 août, une autre explosion dans le camp de réfugiés de Jabaliya avait fait huit morts, dont plusieurs enfants. Les autorités gazaouies avaient aussitôt accusé Israël, qui a catégoriquement et publiquement démenti, rejetant la faute sur une roquette du Jihad islamique, tombée dans l’étroite enclave palestinienne. «Nous n’avons mené aucune frappe dans cette zone, ni en zone urbaine, ni à ce moment-là», assurait, peu après l’incident, le porte-parole des Forces de défense israéliennes, Ran Kochav.

«Sur la base des évaluations des services de renseignement, on peut conclure qu’il s’agit d’une blessure auto-infligée. Nous avons pu voir que la roquette a touché une maison palestinienne», avait ajouté le chef de la direction des opérations de l’armée de l’Etat hébreu, le général de division Oded Bassuk. Dès le lendemain, l’armée israélienne avait diffusé des preuves vidéos pour appuyer ses affirmations. Selon Haaretz, l’enquête interne mené depuis a confirmé la responsabilité du groupe armé palestinien.

19 enfants tués selon l’ONU

Le porte-parolat des Forces de défense israéliennes affirme que pendant les trois jours de combat, ses troupes «ont fait tous les efforts raisonnables pour minimiser, dans la mesure du possible, les dommages causés aux civils et aux biens civils.» L’armée, qui n’a pas confirmé publiquement les informations publiées par Haaretz, indique poursuivre son enquête sur l’ensemble des frappes réalisées dans le cadre de l’opération «Aube naissante».

Les trois jours de bombardements israéliens sur Gaza ont constitué le regain de tension le plus important depuis la guerre de mai 2021 entre Israël et Gaza, avec 49 morts côté palestinien, dont au moins 19 enfants d’après l’ONU. Cette offensive est aussi l’aboutissement de plus d’un an de confrontations en Cisjordanie occupée. Régulièrement, l’armée israélienne mène des raids à Jénine, Naplouse ou encore Hébron — les plus nombreux depuis la fin de la Seconde intifada en 2002.

Ces opérations militaires israéliennes s’ajoutent pour les Palestiniens à une grave crise économique causée par la pandémie et au blocage politique provoqué par l’opposition de Mahmoud Abbas à l’organisation d’élections. En réaction, les militants durcissent toujours plus le ton et se sont réorganisés avec des opérations communes ainsi que le retour du Jihad islamique au premier plan.

Mis à jour : à 22h07 avec précisions sur les deux frappes distinctes du 6 et du 7 août, toutes deux à Jabaliya, la responsabilité d’Israël étant engagée dans la seconde, selon l’enquête interne mentionnée par le quotidien Haaretz.