Menu
Libération
Pression

Israël : un ministre d’extrême droite menace un leader palestinien dans sa cellule

Itamar Ben Gvir a diffusé vendredi matin sur les réseaux sociaux une vidéo où il prend à partie et sermonne le prisonnier Marwan Barghouti, leader palestinien emprisonné depuis 2002.
Itamar Ben Gvir, en juin 2025. (Menahem Kahana/AFP)
publié le 15 août 2025 à 12h27
(mis à jour le 15 août 2025 à 17h46)

Itamar Ben Gvir a diffusé vendredi matin sur les réseaux sociaux une vidéo où il menace Marwan Barghouti, leader palestinien emprisonné depuis 23 ans. Sur ces images de propagande, publiées sur son compte X, le ministre de la Sécurité nationale et deux autres personnes, dont un garde pénitentiaire, se tiennent debout devant Marwan Barghouti et l’entourent dans un coin de sa cellule.

«Vous ne nous vaincrez pas. Quiconque fait du mal au peuple d’Israël, quiconque tue des enfants, quiconque tue des femmes […] nous l’effacerons», lance en hébreu le ministre. Le leader du parti Fatah et membre élu du Conseil législatif palestinien tente alors de parler, mais le ministre l’interrompt : «Non, vous devez le savoir, et ce, tout au long de l’histoire».

«Le Mandela palestinien»

«Ce matin (vendredi), je lis que divers «hauts responsables» de l’Autorité (palestinienne) n’ont pas tellement aimé ce que j’ai dit au terroriste en chef Marwan Barghouti, que son nom soit effacé. Alors je vais le répéter encore et encore sans m’excuser : quiconque s’en prend au peuple d’Israël, quiconque tue nos enfants, quiconque tue nos femmes, nous l’effacerons. Avec l’aide de Dieu», a ajouté Itamar Ben Gvir, en commentaire à la vidéo.

Le leader palestinien, membre du Fatah qui défend une résolution politique au conflit israélo-palestinien, est emprisonné depuis 2002 par Israël. Il est régulièrement cité comme un possible successeur du président palestinien Mahmoud Abbas, malgré sa détention.

Surnommé «le Mandela palestinien» par ses partisans, et devenu au fil des années une figure emblématique de la cause palestinienne, il a été condamné à la perpétuité pour meurtres pour son rôle dans différents attentats anti-israéliens au cours de la seconde Intifada («soulèvement» en arabe).

La vidéo diffusée par le ministre ne précise pas le nom de la prison où Marwan Barghouti est actuellement détenu. Mais selon un membre de l’entourage du ministre, interrogé par l’AFP et qui a requis l’anonymat, la rencontre a eu lieu «par hasard» dans la prison de Ganot, au cours d’une visite d’inspection d’Itamar Ben Gvir. Cette source n’a pas précisé à quelle date elle a été filmée.

«Nous craignons pour sa vie»

Dans un entretien filmé avec l’AFP, le fils du détenu, Arab Barghouti, s’est dit «choqué» par cette séquence, fustige «l’arrogance» du gouvernement israélien, pour qui «le droit international et le droit humanitaire ne signifient rien». «Aucun membre de la famille n’a vu mon père depuis plus de deux ans. Personnellement, je ne l’avais pas vu depuis trois ans. […] Mon père a perdu beaucoup de poids et il a l’air vieux. Nous sommes réellement préoccupés et nous craignons pour sa vie et sa protection à la lumière des scènes que nous avons vues», a-t-il commenté.

«La politique de l’occupation est très claire. Ils veulent prouver au peuple palestinien qu’ils sont les plus forts» en «insultant son leader», a accusé Arab Barghouti. «Mais […] mon père s’est tenu debout face à l’oppression dans une petite cellule, menotté, épuisé et visiblement fatigué, mais debout avec dignité». Bien qu’il ait déjà été «soumis à des choses inimaginables au cours des deux dernières années […], ils ne briseront pas son image […] parce qu’il représente le peuple palestinien et les prisonniers palestiniens […]», a-t-il conclu.

«Terrorisme d’Etat organisé»

Pour l’Autorité palestinienne, le ministre Ben Gvir a «pris d’assaut» la cellule de Barghouti. La représentation à l’ONU de l’Autorité palestinienne a quant à elle dénoncé «les conditions humanitaires extrêmement dures» dans lesquelles est détenu à «l’isolement» Marwan Barghouti.

Le Hamas, par la voix d’Izzat Al-Risheq, membre du bureau politique du mouvement islamiste, a exprimé sa «solidarité avec le frère et leader Marwan Barghouti». Il a dénoncé la «sauvagerie» du ministre Ben Gvir, face à un «leader prisonnier, menotté et isolé en cellule solitaire, à peine capable de se tenir debout».

Dans un communiqué relayé par l’agence de presse palestinienne Wafa, le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a dénoncé «une provocation sans précédent» et qualifié l’incident de «terrorisme d’Etat organisé». Pour l’Autorité palestinienne, le ministre Ben Gvir a «pris d’assaut» la cellule de Barghouti.

Mise à jour à 17 h 40 avec la réaction du fils de Marwan Barghouti