«Je mets en vente mon rein, mon foie et ma moelle osseuse à cause d’une grande détresse financière. Je suis jeune, sportif et en pleine santé. Veuillez comprendre ma situation et me contacter si vous êtes acheteur.» Ce message écrit sur un morceau de papier, accroché à un mur fissuré, tremblant sous les rafales de vent sporadiques qui fouettent une rue de Téhéran, témoigne d’une tragédie invisible. Elle attire brièvement l’attention des passants et laisse imaginer l’immense désarroi dans lequel sont tombés une grande partie des Iraniens face à une crise économique inédite.
Babak (1), 24 ans, est l’auteur de cette petite annonce inhabituelle. Il veut vendre ses organes pour acheter une voiture bas de gamme qu’il utilisera pour conduire des passagers dans la capitale iranienne, afin de faire face au coût faramineux de la vie. «Je suis pleinement conscient du danger auquel je m’expose, reconnaît-il. Mais je n’ai pas d’autre choix. Je suis arrivé à bout. Je n’arrive plus à payer mon loyer, ni à acheter de la viande ou des fruits. Si je tombe malade, je n’aurai pas les moyens de me soigner. Je n’ai pas réussi à trouver un emploi, alors c’est le seul moyen que j’ai trouvé.»
Inflation galopante
Selon les statistiques des autorités de la République islamique, le taux d’inflation a atteint le mois dernier un record sans précédent depuis huit décennies. Mais alors que le chiffre officiel oscille autour de 50 %, la réalité vécue par la population semble bien plus difficile. Certains obs