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Libération
Tollé

Jérusalem : Ben-Gvir, ministre israélien d’extrême droite, une nouvelle fois en visite sur l’esplanade des Mosquées

L’Arabie Saoudite, la Jordanie et le Hamas ont condamné ce mercredi 8 octobre la provocation du ministre ultranationaliste qui, sur ce lieu saint de l’islam, s’est vanté d’une «victoire» israélienne.

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, en train de prier dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa pendant la fête juive de Soukkot, dans la vieille ville de Jérusalem, le 8 octobre 2025. (Jewish Power/via Reuters)
Publié le 08/10/2025 à 17h29, mis à jour le 08/10/2025 à 17h51

L’homme est connu pour ses propos ultranationalistes et ses apparitions sur l’esplanade des Mosquées – troisième lieu saint de l’islam et lieu le plus sacré du judaïsme au cœur même du conflit israélo-palestinien et objet de tensions récurrentes. Mais cette fois-ci, la venue d’Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale et figure de l’extrême droite israélienne, intervient alors que les juifs fêtent Soukkot, une des grandes fêtes du calendrier hébraïque, mais surtout en pleines négociations de cessez-le-feu à Gaza. Ce mercredi 8 octobre au matin, il s’est rendu sur le site hautement sensible de Jérusalem-Est, criant à la «victoire» israélienne sur ce lieu.

Le rabbinat interdit pourtant aux fidèles de se rendre sur l’esplanade par peur d’enfreindre les règles de pureté religieuse, mais Ben-Gvir aime à venir y affirmer ce qu’il présente comme la souveraineté d’Israël sur l’endroit.

«Dans chaque maison à Gaza, il y a une image du mont du Temple, et nous aujourd’hui, deux ans après, nous sommes victorieux», a-t-il claironné en référence aux posters de l’esplanade, très populaires chez les Palestiniens dans une vidéo diffusée sur son compte X. Le Hamas a réagi dans la foulée, qualifiant sa venue de «provocation délibérée coïncidant avec [une] date douloureuse», soit le 8 octobre 1990. Ce jour-là, une quinzaine de Palestiniens avaient été tués dans des heurts à Jérusalem, certains sur l’esplanade même.

Un lieu stratégique

Chacune des visites de Ben-Gvir ne manque pas de provoquer un tollé international. Et sa venue du jour ne fait pas exception. L’Arabie Saoudite a condamné ce mercredi «l’intrusion de responsables et de colons israéliens dans l’enceinte de la mosquée d’Al-Aqsa sous la protection des forces d’occupation», dans un communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères. De son côté, son homologue jordanien a qualifié la visite de «provocation inacceptable» et de «violation flagrante du statu quo historique et légal».

L’accord de statu quo, décrété en 1967 entre Israël et la Jordanie (qui annexait alors Jérusalem-Est), stipule que les non-musulmans peuvent se rendre sur l’esplanade à des heures précises, mais ne sont pas autorisés à y prier. Une règle bafouée par un nombre croissant de juifs nationalistes. Ben-Gvir lui-même, qui supervise l’application de la loi en tant que ministre de la Sécurité nationale, a mis un point d’honneur à autoriser la prière juive au sommet du Mont du Temple, relate ce mercredi le quotidien The Times of Israel, qui ajoute que «la police autorise désormais les fidèles juifs à prier et même à se prosterner dans certaines zones plus éloignées du Dôme du Rocher».

Multirécidiviste

En 2023, le New York Times avait dressé le portrait de Ben-Gvir, alors en pleine ascension, lui qui avait longtemps œuvré en marge de la politique israélienne. Extrait : «Adolescent, il s’est vu interdire de servir dans l’armée israélienne, jugé trop extrémiste. Il admire un rabbin radical qui voulait déchoir les Arabes israéliens de leur citoyenneté. Jusqu’à récemment, il accrochait chez lui un portrait de Baruch Goldstein, qui a abattu 29 Palestiniens dans une mosquée de Cisjordanie en 1944.»

C’est au moins la onzième fois qu’Itamar Ben-Gvir se rend sur l’esplanade depuis la formation du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, fin 2022, «le plus à droite de l’histoire d’Israël», rappelait en juin The Guardian.

Le Waqf jordanien, fondation musulmane qui gère le site de l’esplanade, a pour sa part recensé, rien que dans la matinée de ce mercredi, la venue d’au moins «1 300 juifs extrémistes».