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Libération
Conflit

La fin d’une semaine de combats sanglants à Sweida annoncée par le gouvernement syrien

Un cessez-le-feu a été proclamé samedi mais les affrontements intercommunautaires ont continué. Ce dimanche 20 juillet, Damas affirme que les violences ont bel et bien cessé.
A Sweida, le 19 juillet 2025. (Bakr Alkasem/AFP)
publié le 20 juillet 2025 à 8h58
(mis à jour le 20 juillet 2025 à 20h28)

Le gouvernement syrien a annoncé ce dimanche 20 juillet la fin des combats à Sweida, reprise par les groupes druzes, une semaine après le déclenchement d’affrontements intercommunautaires sanglants dans cette ville du sud du pays.

Les violences entre groupes druzes et bédouins sunnites qui ont éclaté le 13 juillet dans la région de Sweida ont fait au moins 1 120 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une organisation basée à Londres qui s’appuie sur un vaste réseau de sources à travers le pays. Plus de 128 000 personnes ont également été déplacées par ces affrontements, d’après l’ONU.

«Sweida a été évacué de tous les combattants tribaux, et les combats dans les quartiers de la ville ont cessé», a écrit sur Telegram le porte-parole du ministère syrien de l’Intérieur, Noureddine al-Baba. Samedi, le pouvoir syrien avait annoncé un cessez-le-feu dans la province de Sweida et commencé à y redéployer des forces dans l’objectif d’y rétablir la paix. Le gouvernement du président intérimaire, Ahmed al-Charaa, avait déjà déployé ses forces mardi à Sweida.

Il les avait toutefois retirées après des bombardements de plusieurs cibles du pouvoir à Damas par Israël, qui dit vouloir protéger la communauté druze et s’estimait menacé par la présence de forces gouvernementales syriennes dans cette région proche de sa frontière. Un cessez-le-feu a par la suite été conclu entre la Syrie et Israël, sous l’égide des Etats-Unis.

«Empêcher l’EI» d’entrer dans la région

Samedi dans la journée, dans un quartier de la ville, des combattants tribaux, certains au visage masqué, tiraient toujours avec des armes automatiques. L’un des combattants avait le front ceint d’un bandeau noir portant la profession de foi de l’islam. Un autre brandissait des ciseaux, utilisés pour taillader les moustaches des vieux Druzes, insulte suprême pour ce peuple de fiers guerriers.

Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a exhorté les autorités syriennes à «demander des comptes et traduire en justice toute personne coupable d’atrocités, y compris dans leurs propres rangs». Les autorités syriennes doivent utiliser «leurs forces de sécurité pour empêcher l’Etat islamique et autres jihadistes violents d’entrer dans la région et d’y perpétrer des massacres», a-t-il écrit sur le réseau social X.

Le groupe Etat islamique avait pris le contrôle de vastes pans des territoires syrien et irakien au début de la guerre civile, qui a éclaté en 2011, proclamant la création d’un «califat» transfrontalier en 2014.

Les forces kurdes syriennes soutenues par les Etats-Unis l’ont vaincu en 2019, mais les jihadistes ont maintenu une présence, en particulier dans le vaste désert syrien.

Pouvoir fragilisé

Présente principalement à Sweida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700 000 personnes. Cette minorité est aussi implantée au Liban et en Israël.

Ahmed al-Charaa, arrivé au pouvoir après avoir renversé le président Bachar al-Assad en décembre, a réaffirmé son engagement à protéger les minorités et salué «le rôle important joué par les Etats-Unis, qui ont confirmé leur soutien à la Syrie».

Ces nouvelles violences intercommunautaires fragilisent un peu plus le pouvoir dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile. Des affrontements avaient déjà opposé en avril des combattants druzes aux forces de sécurité près de Damas et à Sweida, faisant plus de 100 morts.

En mars, des massacres avaient fait plus de 1 700 morts, essentiellement des membres de la communauté alaouite dont est issu Bachar al-Assad, après des affrontements dans l’ouest du pays, selon un bilan de l’OSDH.

Mise à jour à 20 h 28 avec le bilan qui s’élève désormais à 1 120 morts.