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Libération d’Olivier Grondeau, en prison en Iran depuis 2022, un autre Français a pu quitter le territoire

Condamné à cinq ans de prison pour «espionnage», Olivier Grondeau, l’un des trois prisonniers français encore détenus à Téhéran, a été libéré, annonce l’Elysée ce jeudi.
Une photo d'Olivier Grondeau partagée par le ministre des Affaires étrangères français. (CDCS / MEAE/AFP)
publié le 20 mars 2025 à 7h18
(mis à jour le 20 mars 2025 à 13h09)

Le Français Olivier Grondeau, qui était détenu en Iran depuis octobre 2022, «est libre, en France, parmi les siens», a annoncé jeudi Emmanuel Macron, assurant que «la mobilisation ne faiblira pas» pour la libération des deux derniers ressortissants français encore en prison à Téhéran. «Nous partageons l’immense bonheur et soulagement de sa famille», a dit sur X le président français, au sujet d’Olivier Grondeau, 34 ans. En fin de matinée jeudi, un autre Français, qui a requis l’anonymat et qui se trouvait en résidence surveillée en Iran depuis plusieurs mois, a pu quitter le territoire, a appris l’AFP sans plus de détails.

Olivier Grondeau avait été arrêté à Chiraz en octobre 2022 et condamné à cinq ans de prison pour «conspiration contre la république islamique», selon sa mère. Une peine qui avait été jugée arbitraire par les autorités françaises qui avaient dénoncé une diplomatie d’otage d’Etat de la part de Téhéran. Sa famille rejette les accusations, le décrivant comme un passionné de poésie persane se rendant en Iran avec un visa de touriste dans le cadre d’un tour du monde.

«Je remercie tous les services de l’Etat, notre ambassadeur en Iran et le Centre de crise et de soutien du Quai d’Orsay, de leur action décisive», a ajouté Emmanuel Macron. Le président ne précise pas quand le ressortissant français a été exactement libéré ni les conditions de sa libération.

Affaibli sur le plan psychologique

Mais cette remise en liberté intervient après de longues et difficiles négociations entre les deux pays et dans un contexte de bras de fer entre les Occidentaux et l’Iran sur son programme nucléaire. Téhéran nie vouloir se doter de l’arme nucléaire bien que ses réserves d’uranium enrichi, s’approchent du seuil nécessaire pour la fabriquer.

Olivier Grondeau, qui fêtera ses 35 ans la semaine prochaine, devait procéder à une batterie d’examens alors qu’il était très affaibli ces derniers mois notamment sur le plan psychologique, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale. «Cette libération fait honneur à la diplomatie française et au travail acharné de notre ambassade à Téhéran, du centre de crise et de soutien et des services du ministère des Affaires étrangères, que je félicite pour leur persévérance», a réagi de son côté le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot, sur le même réseau X, en publiant une photo d’Olivier Grondeau, tout sourire, à bord d’un avion. «Nous poursuivrons sans relâche nos efforts pour que tous nos compatriotes toujours otages, dont Cécile Kohler et Jacques Paris, soient libérés à leur tour», a-t-il ajouté. «Immense joie de retrouver Olivier puisque innocent de tout, sa place a toujours été parmi nous», a déclaré à l’AFP Me Chirinne Ardakani, son avocate française.

Des conditions de détention particulièrement difficiles

Originaire de Montpellier, dans le sud de la France, Olivier Grondeau était en voyage touristique dans la ville de Shiraz, dans le sud de l’Iran, quand il a été arrêté le 12 octobre 2022. Il a d’abord été détenu à Téhéran, dans la tristement célèbre prison d’Evin, puis dans la ville de Shiraz, avant d’être à nouveau transféré en octobre dernier à Evin, où les conditions de détention sont réputées particulièrement difficiles.

Lire le portrait de sa mère

Jusqu’en janvier dernier, il avait choisi de ne pas révéler publiquement son identité, espérant que les négociations diplomatiques pour sa libération entre Téhéran et Paris puissent aboutir en toute discrétion. Mais il s’était ravisé et avait préparé une campagne de communication depuis la prison d’Evin, avec l’aide de son comité de soutien composé d’amis.

L’Iran, qui détient plusieurs ressortissants occidentaux ou binationaux, est accusé par leurs soutiens, des ONG et des chancelleries occidentales, de s’en servir comme monnaie d’échange, même si officiellement leurs libérations ne donnent lieu à aucune contrepartie.

Deux autres Français encore détenus

Le gouvernement français a maintes fois condamné cette diplomatie «d’otages d’Etat». Emmanuel Macron avait lui-même dénoncé récemment la «détention indigne et arbitraire» des ressortissants français, et exigé leur libération. Ces propos avaient provoqué l’ire de Téhéran qui avait fustigé des propos «non constructifs». Les deux autres Français toujours détenus sont Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris, arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d’un voyage touristique en Iran, où les autorités les accusent d’espionnage.

«Notre mobilisation ne faiblira pas : Cécile Kohler et Jacques Paris doivent être libérés des geôles iraniennes», a martelé le chef de l’Etat dans son message jeudi. «Toutes mes pensées vont vers eux et leur famille en ce jour», a-t-il ajouté. «Je pense à ma cliente, toujours incarcérée en section 209 de la prison d’Evin : Cécile cloîtrée dans une cellule de 8m2, sans fenêtre, sous vidéosurveillance continue, qui dort à même le sol», a déclaré à l’AFP Me Ardakani.

Elle souligne la nécessité de se battre pour les deux ressortissants toujours détenus, ajoutant que les «geôliers devront répondre de leurs actes criminels, y compris devant la justice française». D’autres Français avaient été détenus arbitrairement en Iran avant d’être libérés, dont Louis Arnaud, en juin 2024. Ce consultant, aujourd’hui âgé de 36 ans, avait été arrêté en septembre 2022 à Téhéran, au moment où commençaient les manifestations du mouvement Femme Vie Liberté à la suite de la mort en détention de la jeune kurde Mahsa Amini, accusée d’avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique. Benjamin Brière et Bernard Phelan avaient, eux, retrouvé la liberté en mai 2023.

Mise à jour : à 9 heures, avec davantage de détails ; à 13 h, avec des informations sur l’autre Français.