Menu
Libération
Impact environnemental

La guerre à Gaza a aussi un important coût climatique, selon une étude

Les quinze mois de guerre meurtrière dans l’enclave palestinienne ont généré plus d’émissions de dioxyde de carbone que l’empreinte annuelle de certains pays, révèlent des chercheurs britanniques et américains.
Après des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, jeudi 29 mai. (Jack Guez/AFP)
publié le 31 mai 2025 à 11h01

Un bilan humain désastreux, avec plus de 50 000 morts palestiniens, et des otages israéliens toujours détenus par le Hamas. Mais aussi un coût climatique qui s’accumule, selon une étude rapportée par le quotidien britannique The Guardian. Selon les projections faites par les chercheurs britanniques et américains, les émissions liées à la destruction et de la reconstruction de Gaza pourraient à long terme atteindre les 31 millions de tonnes de dioxyde de carbone. L’empreinte carbone des quinze premiers mois de la guerre menée par Israël à Gaza est d’ores et déjà supérieure à celles de plusieurs pays individuels sur une année, comme l’Estonie ou le Costa Rica en 2023.

La moitié des émissions liées au conflit sont liées à l’usage des munitions et des armes, des tanks et autres armements par l’armée israélienne. A l’inverse, les roquettes et autres armes du Hamas ont émis 3 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent de 0,2 % des émissions liées à la guerre.

L’étude, publiée par le SSRN, un site de prépublication d’articles scientifiques, est, selon le Guardian, la troisième et plus grande analyse menée sur l’impact climatique du conflit. L’étude est en cours de revue par les équipes du journal scientifique One Earth, spécialisé dans les questions environnementales.

Dans l’ensemble, les chercheurs estiment que le coût à long terme de la guerre à Gaza, ainsi que les échanges militaires d’Israël avec le Yémen, l’Iran, et le Liban, équivaut à l’activité de 84 centrales à gaz pendant une année.

Impact majeur de la reconstruction

Le coût climatique le plus important viendra de la reconstruction de Gaza, qui n’est plus que 60 millions de tonnes de décombres. Le coût du dégagement des débris et de la reconstruction de 436 appartements, 700 écoles, mosquées, hôpitaux, bureaux, 5 kilomètres de routes vont générer 29,4 millions de tonnes de dioxyde de carbone. C’est plus que toutes les émissions sur l’année 2023 de l’Afghanistan, ajoute le journal.

Quelques autres chiffres significatifs :

  • 1, 89 millions de tonnes équivalentes CO2 ont été générées par les bombardements aériens et l’invasion terrestre israélienne.
  • 30 % du bilan carbone est lié à des émissions de gaz à effet de serre générées par l’envoi par les Etats-Unis de 50 000 tonnes d’armes et autres soutiens militaire à Israël.
  • Les panneaux d’énergie solaire, qui généraient un quart de l’énergie à Gaza, ont été largement détruits, tout comme la seule centrale électrique. En conséquence, l’accès limité à l’électricité à Gaza repose aujourd’hui sur des générateurs qui émettent 130 000 tonnes de gaz à effet de serre.

Pendant les conflits armés, «les émissions de CO2 augmentent brutalement à cause, par exemple, à cause des incendies provoqués par les combats – feux de dépôts de carburant et d’infrastructures pétrolières, feux de déchets. Mais l’essentiel provient de la surconsommation d’obus, bombes, missiles, roquettes et munitions de petits calibres d’une part ; et par celle de carburant des unités terrestres, des forces navales et surtout des unités aériennes d’autre part», avait analysé auprès de Libération Ben Cramer, chercheur en géopolitique et sécurité environnementale au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip), situé à Bruxelles, lors d’une précédente étude sur le sujet.