Circulez, il n’y a rien à voir. Un rapport médical de l’Organisation médico-légale iranienne vient d’être publié à la télévision d’Etat vendredi. Il explique que la mort de Mahsa Amini n’avait pas été causée par des «coups portés à la tête et aux organes vitaux» mais par les séquelles d’une maladie. Les auteurs du rapport affirment que la jeune fille avait subi «une intervention chirurgicale pour une tumeur cérébrale à l’âge de huit ans». Des conclusions que son père, Amjad Amini, dément en affirmant que sa fille était «en parfaite santé».
Tribune
Le rapport ne s’arrête pas là et confirme que «Le 13 septembre, (Mahsa Amini) a soudainement perdu connaissance et s’est effondrée […]. Elle a souffert d’un trouble du rythme cardiaque et d’une chute de tension». L’Organisation médico-légale iranienne ajoute que «Malgré son transfert à l’hôpital et les efforts du personnel médical, elle est décédée le 16 septembre des suites d’une défaillance d’organes multiples causée par une hypoxie cérébrale». Alors que les autorités iraniennes ont démenti tout contact physique entre la police et la jeune femme, les militants sur place ont confirmé que Mahsa Amini avait souffert d’une blessure à la tête à la suite de son arrestation.
«Les parents de Masha Amini ont porté plainte contre les auteurs de l’arrestation de leur fille et (les policiers) qui ont parlé avec elle depuis son arrivée à la police des mœurs», a expliqué Me Saleh Nikbakht, l’avocat des parents. Il poursuit qu’il souhaite «une enquête détaillée sur la manière dont l’arrestation a eu lieu jusqu’au transfert de Mahsa à l’hôpital».
Résistance des femmes iraniennes
Son décès à l’hôpital qui intervient trois jours après détention a provoqué une vague de manifestation dans tout le pays. Depuis trois semaines, les femmes sont en première ligne et sortent dans les rues en Iran pour revendiquer leur liberté et scandent plusieurs slogans dont un qui a fait le tour du monde «Femme, vie, liberté». Une vague de solidarité partout dans le monde notamment Paris, Stockholm, Londres ou bien New York, pour soutenir les femmes en Iran.
Alors que le code vestimentaire strict oblige les femmes à se voiler, ces derniers jours, plusieurs vidéos d’écolières sont diffusées sur les réseaux sociaux voiles retirés en train de crier des slogans hostiles au régime. Plusieurs rassemblements ont été organisés par des écolières dans plusieurs régions du pays. Dans une vidéo, des jeunes filles, pour certaines la tête non voilée, scandent «Mort au dictateur», en référence au guide suprême Ali Khamenei, lundi dans une école de Karaj à l’ouest de Téhéran.
Schoolgirls took to the streets & chant: Death to dictator.
— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) October 6, 2022
The girl who took this video from Rasht says; Security Forces killed #NikaShakarami, #SarinaEsmaeilzadeh & many Iranians but we won’t give up our fight. We are tired of living under Islamic regime. We are all #MahsaAmini pic.twitter.com/5Ep4NuJA4Z
Ces manifestations sont les plus importantes en Iran depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence, ont été réprimées dans le sang. Au moins 92 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, selon un dernier bilan de l’ONG Iran Human Rights basée à Oslo, alors qu’un bilan officiel fait état d’environ 60 morts parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité.