«Nous sommes inquiets pour sa santé.» La famille de Narges Mohammadi a fait savoir ce lundi 6 novembre que la Prix Nobel de la paix 2023 avait commencé une grève de la faim, dans la prison téhéranaise d’Evin où la militante et journaliste de 51 ans est enfermée depuis plus de deux ans. La militante entend ainsi protester contre le manque de soins médicaux pour les détenus ainsi que l’obligation de porter le voile pour les femmes.
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C’est la deuxième grève de la faim de Narges Mohammadi, après celle entamée en janvier 2019, pour protester contre le refus d’accès aux soins médicaux. Sa famille avait déjà dénoncé à plusieurs reprises le fait que la militante était privée de soins urgents, malgré des troubles cardiaques et pulmonaires, en raison de son refus de se couvrir la tête.
Toujours selon sa famille, un électrocardiogramme réalisé par un médecin en prison avait montré le besoin d’une hospitalisation d’urgence. «La République islamique est responsable de tout ce qui peut arriver à notre Narges bien-aimée», avaient indiqué ses proches.
Une figure de la contestation contre les mollahs
Militante contre la peine de mort et pour les droits des femmes, Narges Mohammadi a été récompensée en octobre par le Nobel pour «son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous». Elle est l’un des principaux visages du soulèvement des femmes iraniennes contre le strict code vestimentaire islamique, déclenché par la mort l’an dernier d’une jeune Kurde iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs. Le mouvement «Femme, Vie, Liberté» avait vu des femmes tomber le voile, se couper les cheveux et manifester dans la rue. La contestation a été sévèrement réprimée.
Régulièrement détenue depuis 1998 pour son action en faveur des droits humains, Narges Mohammadi avait été libérée en octobre 2020, avant d’être de nouveau arrêtée quelques mois plus tard, avant de subir sa treizième condamnation, cette fois à 10 ans et 9 mois de prison.