Il fut un temps, pas si lointain, où Bagdad était une des capitales du monde juif. En 1937, Ezra et Khedouri Lawee se distinguent par leur opulence parmi leurs 150 000 coreligionnaires vivant alors en Irak. Les deux frères, qui possèdent la concession General Motors pour tout un pan du Moyen-Orient, font construire sur un terrain au bord du Tigre une vaste demeure, symbole de leur statut, pour y loger leurs familles respectives. Avec ses colonnades néoclassiques, sa pelouse manucurée et sa piscine, Beit Lawee («la maison des Lawee», en hébreu) tient autant du palace oriental que du manoir hollywoodien. Mais les soubresauts de l’histoire viendront bientôt briser le rêve irakien des Lawee, les jetant sur les routes de l’exil, comme tout le reste de la communauté juive du pays, aux racines remontant pourtant à l’ère babylonienne.
De ce monde englouti ressort aujourd’hui une affaire au symbolisme potentiellement explosif pour la France : les Lawee, qui ont trouvé refuge au Canada il y a trois générations, demandent compensation pour la spoliation de leur bien. Une requête qui n’est pas adressée aux autorités irakiennes mais à l’Etat français : Beit Lawee est, en effet, depuis plus de soixante ans, l’ambassade de France à Bagdad.
L’homme qui porte ce combat s’exprime dans un franç