Dans la rue principale de Dhayra, l’asphalte est moucheté de petits amas noirs, carbonisés, semblables à des tas de terres mouillés. Depuis le mois d’octobre, ce village libanais fait partie des plus touchés par les échanges de tirs qui opposent le Hezbollah à l’armée israélienne. Odey Abu-Sarri, agriculteur, est sur ses gardes. Ici, à 200 mètres à peine de l’immense mur coiffé de barbelés qui sépare le Liban d’Israël, il a trouvé les mêmes dépôts noirâtres, mêlés à la terre de ses champs. «Faites attention quand vous marchez dessus», avertit le trentenaire alors qu’il tend la jambe pour écraser un morceau à la hâte. Une flamme apparaît soudainement, dégageant une fumée pâle. Le jeune homme couvre son nez : «Il ne faut pas la respirer : c’est du phosphore blanc.»
Fumée blanche
Le phosphore blanc est une substance chimique utilisée pour générer des écrans de fumée dans le cadre d’opérations militaires. Exposé à l’oxygène, il brûle au-delà de 800°C. Depuis octobre, il est utilisé par l’armée israélienne pour cibler des positions militaires du Hezbollah, allié du Hamas, à la frontière. Pourtant, d’après Odey, plusieurs obus seraient tombés dans sa petite parcelle de champ le 20 octobre, un soir de pluie. En cherchant dans les plantations du jeune homme, il est encore possible de trouver entre des rangées butées de légumes, quelques déchets d’obus. L’un des morceaux, plus gros que les autres, est à demi enfoui sous la terre retournée. Il est vert pâle, estampillé «WP CANISTER».
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