D’épaisses volutes de fumée noire dans le ciel. L‘aviation israélienne a bombardé ce mardi 6 mai pour le deuxième jour consécutif des infrastructures aux mains des Houthis au Yémen, deux jours après un tir de missile de ces rebelles sur le principal aéroport international d’Israël.
L’aéroport de Sanaa est «complètement détruit», a déclaré un responsable aéroportuaire en début de soirée, ajoutant que «trois des sept avions appartenant à la compagnie nationale Yemenia ont été détruits».
Un peu plus tôt, l‘armée israélienne avait affirmé avoir mis «complètement hors service» l’aéroport de Sanaa, en frappant «les pistes de décollage, des avions et des infrastructures». Elle avait aussi dit avoir ciblé «des centrales électriques» dans la région de Sanaa et une «cimenterie» plus au nord.
Analyse
La chaîne des rebelles Al-Massirah a fait état de raids israéliens sur l’aéroport de la capitale yéménite, sur trois stations électriques dans Sanaa et ses environs et sur une cimenterie à Amrane (nord). Des correspondants de l’AFP à Sanaa ont entendu plusieurs explosions et vu de la fumée se dégager de différents endroits de la ville.
En réponse, les Houthis ont averti dans un communiqué qu’ils riposteraient aux frappes qui, d’après eux, auraient fait trois morts. «L’agression ne restera pas sans réponse», ont-ils prévenu.
L’Iran «directement responsable»
Soutenus par l’Iran, ennemi juré d’Israël, les Houthis sont en guerre contre le pouvoir au Yémen depuis 2014 et contrôlent une large partie de ce pays pauvre de la péninsule arabique situé à plus de 1 800 km du territoire israélien. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a jugé ce mardi l’Iran «directement responsable» des attaques des rebelles houthis contre Israël et averti que Téhéran en subirait «toutes les conséquences».
Depuis 2022, seule la compagnie nationale yéménite Yemenia assure une liaison commerciale limitée à partir de l’aéroport de Sanaa, avec Amman comme principale destination. L’aéroport accueille aussi des vols humanitaires opérés par l’ONU.
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Al-Massirah a accusé, comme la veille, les Etats-Unis d’avoir participé aux frappes, mais Washington avait démenti lundi toute implication. Juste avant les nouveaux raids, le porte-parole en langue arabe de l’armée israélienne, Avichay Adraee, dans un message sur X, a appelé à «évacuer immédiatement les environs de l’aéroport» de Sanaa.
«Beaucoup de boums»
Lundi, les frappes israéliennes sur des régions contrôlées par les Houthis dans l’ouest du pays ont fait quatre morts, selon le ministère houthi de la Santé. Le même jour, Israël a annoncé avoir ciblé des infrastructures des Houthis, pour la cinquième fois depuis juillet 2024, «en réponse aux attaques répétées du régime terroriste houthi contre l’Etat d’Israël».
Les infrastructures visées dans le port de Hodeida (ouest), à l’aide de missiles et de drones, servaient au «transfert d’armes et d’équipement militaire iraniens», selon les autorités israéliennes. Les Houthis font partie, avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais notamment, de ce que l’Iran présente comme «l’axe de la résistance» face à Israël. Téhéran dément néanmoins fournir une aide militaire aux Houthis.
Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, les rebelles yéménites ont revendiqué des dizaines d’attaques de missiles et de drones contre Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. La quasi-totalité des tirs ont été interceptés.
Mais dimanche, un missile tiré par les Houthis a frappé directement pour la première fois à l’intérieur du périmètre de l’aéroport Ben Gourion près de Tel-Aviv. Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a promis une riposte forte avec «beaucoup de boums». Les rebelles yéménites ont revendiqué «un tir de missile balistique hypersonique sur Ben Gourion», qui a provoqué une brève interruption du trafic aérien et une suspension provisoire de vols internationaux.
Mise à jour : à 18h21, avec l’ajout de la déclaration d’un responsable aéroportuaire sur la destruction de l’aéroport de Sanaa.