Le début d’une opération militaire à Rafah. L’armée israélienne a appelé ce lundi 6 mai les Gazaouis présents dans l’est de la ville de Rafah à rejoindre des «zones humanitaires élargies», précisant que «les appels à bouger temporairement vers la zone humanitaire seraient relayés par tracts, SMS, appels téléphoniques et messages en arabe dans les médias». Un habitant de Rafah a indiqué à l’AFP que certains avaient reçu des messages vocaux sur leur téléphone les invitant à partir et des SMS avec une carte leur indiquant vers où se rendre. Selon Reuters, certaines familles palestiniennes ont commencé à évacuer la zone, et ont été aperçues ce lundi matin en train de quitter le territoire.
«Nous avons commencé une opération d’ampleur limitée pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l’est de Rafah», a déclaré un porte-parole de l’armée lors d’un point de presse, répétant : «C’est une opération d’ampleur limitée.» Selon l’armée israélienne, l’évacuation de l’est de Rafah concerne «environ 100 000 personnes». Tsahal affirme avoir élargi la zone humanitaire de al-Mawasi, à une dizaine de kilomètres de Rafah, pour permettre cette évacuation et assure que plus de médicaments, de nourriture, et d’eau doivent rentrer dans la zone, «en accord avec l’expansion humanitaire». Des hôpitaux de campagne et des tentes seront également installés sur place. «C’est un plan souple, qui changera en fonction des conditions sur le terrain», a dit encore l’armée israélienne lors de son point presse, soulignant qu’il n’y avait «pas de date de fin prévue».
D’après les déclarations du ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, publiées dans un communiqué ce lundi, l’action militaire israélienne à Rafah était nécessaire en raison du refus du Hamas d’accepter les propositions de médiation pour une trêve à Gaza, exigeant une libération des otages israéliens. Le communiqué précise que Yoav Gallant a transmis ce message lors d’une conversation avec le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin.
1,2 millions d’habitants entassés à Rafah
Selon l’ONU, environ 1,2 million d’habitants, en majorité poussés là par les combats, s’entassent dans Rafah, localité de la lisière sud de la bande de Gaza. Israël martèle depuis des mois son intention de mener une offensive militaire d’ampleur contre la localité, qui abrite selon elle des combattants du Hamas.
Reportage
Dimanche soir, seize personnes issues de deux familles ont été tuées dans des frappes israéliennes qui ont visé deux maisons à Rafah et ses environs dans la bande de Gaza. Une source hospitalière a confirmé le bilan des deux attaques, en précisant qu’elles avaient eu lieu «dans le camp de réfugiés de Yebna à Rafah et dans les environs de Al Salam». Plus tôt dans la journée, trois soldats israéliens ont été tués et 12 blessés par des roquettes tirées par la branche armée du Hamas autour de Kerem Shalom, principal point de passage de l’aide humanitaire depuis Israël vers la bande de Gaza. L’armée a déclaré que 14 roquettes avaient été tirées sur le passage depuis une zone adjacente au passage de Rafah.
Dimanche, les négociations au Caire en vue d’une trêve dans la bande de Gaza ont débouché sur une impasse. Toute la journée, les dirigeants du Hamas et de l’Etat hébreu se sont renvoyé la responsabilité du manque d’avancée dans les tractations. Le chef du mouvement palestinien, Ismaël Haniyeh, a accusé le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, de chercher à «inventer des justifications constantes pour la poursuite de l’agression, l’extension […] du conflit et le sabotage des efforts déployés par les différents médiateurs et parties». Benyamin Nétanyahou a de son côté vivement critiqué le Hamas, qui «s’obstine dans ses positions extrêmes, en tête desquelles sa demande de retrait de nos forces de la bande de Gaza, la fin de la guerre et la préservation du Hamas». «Israël ne peut accepter cela», a-t-il martelé lors d’un conseil des ministres à Tel-Aviv.
Selon les informations du New York Times, un responsable israélien sous couvert d’anonymat a affirmé que les commentaires du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou sur Rafah ont poussé le Hamas à durcir ses exigences pour tenter de protéger la ville d’une invasion terrestre israélienne. Le responsable a ajouté que le Hamas cherchait maintenant à obtenir des garanties supplémentaires qu’Israël ne mettrait pas en œuvre une partie seulement de l’accord.