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Libération
Symbolique

L’Assemblée générale de l’ONU se prononce en faveur de l’adhésion de la Palestine

La résolution votée à New York ce vendredi par 143 pays accorde de nouveaux «droits et privilèges» à l’Etat de Palestine et demande au Conseil de sécurité de «réexaminer la question favorablement». Le mois dernier, Washington avait mis son veto à une adhésion pleine et entière.
«Cela me rend malade», a lancé l’ambassadeur israélien Gilad Erdan à la tribune de l'ONU, le vendredi 10 mai 2024, accusant l’Assemblée de «donner les droits d’un Etat à une entité déjà partiellement contrôlée par des terroristes.» (Charly Triballeau /AFP)
publié le 10 mai 2024 à 18h49

C’est un vote avant tout symbolique. L’Assemblée générale des Nations unies a largement voté une résolution, vendredi 10 mai, décidant «d’adopter, à titre exceptionnel, […] des droits et privilèges supplémentaires liés à la participation de l’Etat de Palestine» aux travaux de l’ONU. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une reconnaissance de la Palestine comme Etat membre, puisque celle-ci doit être préalablement approuvée par le Conseil de sécurité. Or les Etats-Unis y disposent d’un droit de veto, qu’ils ont utilisé le 18 avril dernier pour empêcher l’adhésion palestinienne pleine et entière (la Palestine jouit actuellement d’un statut d’«Etat non-membre observateur»). La résolution de vendredi, qui était présentée par les Emirats arabes unis, demande également que le Conseil de sécurité «réexamine la question favorablement».

Elle a recueilli le vote favorable de 143 Etats, dont la France. Neuf pays ont voté contre, dont Israël et les Etats-Unis, et 25 se sont abstenus. Une majorité des deux tiers était nécessaire pour l’adoption de la résolution. «Je me suis tenu des centaines de fois à cette tribune, souvent dans des circonstances tragiques, mais aucune comparable à ce que mon peuple vit aujourd’hui, a déclaré l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, la voix serrée par l’émotion. Je me suis tenu des centaines de fois à cette tribune, mais jamais pour un vote plus important qu’aujourd’hui, historique».

Des propositions et amendements soumis directement par l’Etat de Palestine

Même si ces «droits et privilèges supplémentaires» pour les Palestiniens - qui leur permettront de soumettre directement des propositions et des amendements sans passer par un pays tiers, ou encore de siéger parmi les Etats membres par ordre alphabétique, sans prendre part aux votes - sont largement symboliques, Israël, dont le gouvernement rejette la solution à deux Etats, a fustigé la résolution. «Cela me rend malade», a lancé l’ambassadeur israélien Gilad Erdan à la tribune, accusant l’Assemblée de «donner les droits d’un Etat à une entité déjà partiellement contrôlée par des terroristes» et de «promouvoir l’établissement d’un Etat palestinien terroriste dirigé par l’Hitler de notre époque», en brandissant un portrait du chef du Hamas, Yahya Sinwar. «Vous réduisez la Charte [des Nations unies] en lambeaux, honte à vous !» s’est-il indigné, joignant le geste à la parole en passant le texte de la Charte dans une déchiqueteuse pour clore son intervention.

L’ambassadeur américain Nate Evans a prévenu qu’en cas de nouveau vote au Conseil de sécurité, il s’attend «à un résultat similaire à avril» - autrement dit un nouveau veto, les Etats-Unis s’opposant à toute reconnaissance en dehors d’un accord bilatéral entre les Palestiniens et leur allié israélien. Interrogé par l’Agence France Presse, Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group, redoute un blocage permanent : «On pourrait se retrouver dans une sorte de boucle diplomatique funeste avec l’Assemblée générale qui appelle de façon répétée le Conseil à accepter l’adhésion palestinienne et les Etats-Unis qui mettent leur veto.»