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Libération
Conflit

Tsahal reconnaît des tirs de sommation sur des diplomates à Jénine, la France va convoquer l’ambassadeur d’Israël

Après ces tirs de sommation lancés par l’armée israélienne, plusieurs pays dénoncent des menaces «inacceptables» et demande des «éclaircissements immédiats sur ce qui s’est passé».

Des membres d'une délégation diplomatique de l'Union européenne devant l'entrée du camp de Jénine, le 21 mai 2025. (Mohammad Ateeq/AFP)
Publié le 21/05/2025 à 15h39, mis à jour le 21/05/2025 à 20h01

L’armée israélienne a reconnu ce mercredi 21 mai des tirs de sommation après que des diplomates ont «dévié de l’itinéraire approuvé» pour une visite organisée par l’Autorité palestinienne à Jénine, en Cisjordanie occupée. «La délégation […] est entrée dans une zone où elle n’était pas autorisée à se trouver, a affirmé l’armée dans un communiqué. Les soldats de l’armée israélienne opérant dans la zone ont tiré des coups de semonce pour les éloigner.» Elle a précisé «regretter les désagréments causés» et annoncé qu’elle s’entretiendrait «prochainement avec les diplomates». Selon des sources diplomatiques, des diplomates de Chine, du Japon et du Mexique ainsi que de plusieurs pays européens, dont la France, les Pays-Bas et la Roumanie participaient à cette visite.

Mise en joue des diplomates

Plus tôt, le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne avait accusé des soldats israéliens d’avoir ouvert le feu «à balles réelles» sur des diplomates étrangers participant à une visite organisée par ses soins à Jénine, zone au cœur d’une offensive militaire israélienne dans le nord de la Cisjordanie occupée. Le ministère avait accompagné cette déclaration d’une vidéo montrant deux personnes portant des uniformes de l’armée israélienne mettre en joue un groupe de diplomates. Plusieurs coups de feu retentissent dans ce court extrait que l’AFP n’a pas été en mesure d’authentifier immédiatement de façon indépendante.

Dans un communiqué, le ministère palestinien condamne «dans les termes les plus fermes le crime odieux commis par les forces d’occupation israéliennes, qui a consisté à viser directement à balles réelles une délégation diplomatique accréditée auprès de l’Etat de Palestine» en visite «de terrain dans le gouvernorat de Jénine». Il a dénoncé «une violation flagrante et grave du droit international».

«Apporter une réponse conjointe»

Après cet incident, le ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, a dénoncé sur X des «menaces inacceptables contre les diplomates». «Nous demandons au gouvernement israélien des éclaircissements immédiats sur ce qui s’est passé», a-t-il ajouté. Le vice-consul italien Alessandro Tutino, «qui va bien» et avec lequel le ministre s’est entretenu, «se trouvait parmi les diplomates qui auraient été attaqués à coups d’armes à feu près du camp de réfugiés de Jénine», a-t-il précisé.

Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a annoncé la convocation de l’ambassadeur d’Israël en Italie pour exiger «une explication officielle». Même chose du côté de la France, qui a annoncé qu’elle allait convoquer l’ambassadeur d’Israël après ces tirs «inacceptables» lors d’une visite à laquelle participait un diplomate français. «Plein soutien à nos agents sur place et leur travail remarquable dans des conditions éprouvantes», a déclaré Jean-Noël Barrot, le ministre des affaires étrangères, dans un message sur X. Au Portugal aussi, l’ambassadeur d’Israël a été convoqué «suite à cet incident, qui remet en question le droit international».

Ces réactions ont été suivies par celle de Madrid, qui «condamne fermement» ces tirs. «Le ministère enquête sur tout ce qui s’est passé. Il y avait un Espagnol dans le groupe de diplomates, qui se porte bien. Nous sommes en contact avec d’autres pays concernés pour apporter une réponse conjointe à ce qui s’est passé, que nous condamnons fermement», a indiqué le ministère dans une courte déclaration. L’Espagne va convoquer le chargé d’affaires de l’ambassade d’Israël à Madrid, faute d’ambassadeur actuellement en poste en Espagne, a ensuite annoncé le ministre espagnol des Affaires étrangères.

La vice-présidente de la Commission européenne, Kaja Kallas, a, elle, souligné que toute menace contre la vie de diplomates est «inacceptable».

L‘ONU, par la voix du porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres, abonde : «Il est clair que des diplomates qui font leur travail ne doivent jamais essuyer des tirs, être attaqués d’une quelconque façon (...). Toute utilisation de la force contre eux est inacceptable.»

Mise à jour à 20 h 00, avec la réaction de l’ONU