Shari Mendes a les traits tirés sous ses cheveux poivre et sel. Cela fait dix semaines que cette architecte de formation vient presque tous les jours à la base de Shura, cachée au milieu des bananiers, à quelques kilomètres de l’aéroport de Ben Gourion en Israël. C’est ici que sont entreposés les conteneurs renfermant les restes des victimes – environ 1 200 personnes dont au moins 900 civils – des massacres du 7 octobre encore en attente d’identification. Shari Mendes y est présente en tant que réserviste dans une petite unité exclusivement féminine, rattachée au rabbinat de l’armée et normalement chargée de préparer les corps des soldates israéliennes mortes sous les drapeaux.
La tradition juive veut que tous les restes humains soient enterrés ; ces jours-ci, ce ne sont souvent que des bouts de corps, des amas cachés dans des sacs plastiques noirs, estampillés d’un code-barres, qu’on transporte d’un conteneur à l’autre. Une centaine n’auraient toujours pas été identifiés. «J’ai perdu le compte des visages que j’ai vu défigurés par les balles, explique Shari Mendes, les visages et les parties génitales.»
Enquête
Ce sont les images les plus dures à voir, dans les heures de vidéos que le Hamas, les secouristes et les survivants ont lâchées sur les réseaux sociaux : celles qui montrent impli