Date limite : dimanche, 18 heures à Washington (minuit à Paris, 1 heure du matin lundi à Gaza). Donald Trump a annoncé ce vendredi 3 octobre qu’il laissait encore deux jours au Hamas pour accepter le plan de paix qu’il a présenté en début de semaine en compagnie de Benyamin Nétanyahou, faute de quoi le groupe palestinien connaîtra «l’enfer, comme personne ne l’a jamais connu avant». «C’est la dernière chance», a-t-il menacé.
Un responsable du Hamas avait déclaré plus tôt vendredi à l’AFP que le mouvement islamiste avait besoin de temps pour étudier le plan de paix pour Gaza proposé par Donald Trump et que Benyamin Nétanyahou a dit soutenir.
Ultimatum
«Le Hamas poursuit toujours ses consultations concernant le plan de Trump […] et a informé les médiateurs que les consultations sont en cours et nécessitent encore un peu de temps», a indiqué le responsable.
Mardi, le président américain avait donné au Hamas un ultimatum de «trois ou quatre jours» pour accepter son plan visant à mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien. Pour sa part, le Premier ministre israélien avait mis en garde : «Si le Hamas rejette ce plan ou s’ils disent accepter mais font tout pour le faire échouer, Israël finira le job.»
Le plan de Trump prévoit notamment un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des otages détenus à Gaza et le désarmement du mouvement palestinien.
L’armée israélienne a lancé le 16 septembre une offensive sur Gaza-City, qu’elle présente comme le dernier bastion du Hamas et dont les habitants ont été contraints de fuir vers le Sud. Elle avait notamment exhorté les Palestiniens à s’installer dans une «zone humanitaire» à Al-Mawasi, sur la côte, où, selon elle, une aide, des soins médicaux et des infrastructures humanitaires leur seraient fournis.
«Amender certaines clauses»
Les Nations unies ont assuré cependant qu’il n’existait pas de refuge sûr pour les Palestiniens, qualifiant de «lieux de mort» les zones de sécurité désignées par Israël dans le Sud. «L’idée d’une zone de sécurité dans le Sud est une farce», a déclaré depuis Gaza le porte-parole de l’Unicef, James Elder.
Selon la Défense civile à Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l’autorité du Hamas, au moins 11 personnes ont été tuées vendredi par des opérations militaires israéliennes, dont huit à Gaza-City. Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas répondu dans l’immédiat.
Le plan du président américain prévoit un retrait israélien progressif du territoire et la mise en place d’une autorité de transition chapeautée par Trump, allié d’Israël. Soutenue par plusieurs pays arabes et occidentaux, la proposition américaine est truffée de zones d’ombre, notamment sur le calendrier du retrait israélien et le cadre du désarmement du Hamas.
Mohammad Nazzal, membre du bureau politique du Hamas, a indiqué dans un communiqué que le «plan comporte des points de préoccupation». Une source palestinienne proche de la direction du Hamas avait indiqué mercredi à l’AFP que le mouvement «souhaite amender certaines clauses comme celle sur le désarmement et l’expulsion» de ses membres.
«Les Qataris vont mettre la pression au Hamas pour qu’il donne une réponse positive, même s’il n’accepte pas l’intégralité du plan», a indiqué à l’AFP Hugh Lovatt, spécialiste du Moyen-Orient au Conseil européen des relations internationales. «Il ne s’agit pas seulement de convaincre la direction du Hamas à Doha, mais aussi celle de Gaza, ainsi que ses membres et combattants» sur place.
«Deux opinions au sein du Hamas»
Une autre source proche des négociations en cours à Doha a dit à l’AFP mercredi qu’«il existe deux opinions au sein du Hamas». «La première soutient l’approbation inconditionnelle, car la priorité est un cessez-le-feu dans le cadre des garanties données par Trump.» La seconde «rejette le désarmement et les expulsions» des cadres du Hamas et «privilégie une approbation conditionnelle», a ajouté la même source.
Pendant ce temps, dans la bande de Gaza, «la situation est catastrophique», a déploré Adnan Abou Hasna, un représentant local de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). «Des dizaines de milliers de Palestiniens sont contraints à des déplacements répétés qui coûtent extrêmement cher, et l’accès à la nourriture et à l’eau reste limité», a-t-il ajouté.
Amnesty International a condamné de son côté des «déplacements massifs» dus à l’offensive sur Gaza-ville, ajoutant que des centaines de milliers de Palestiniens, dont beaucoup avaient déjà été déplacés à plusieurs reprises, étaient contraints de se réfugier dans des «enclaves surpeuplées dans le Sud».
L’attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées durant l’attaque, 47 sont toujours retenues à Gaza dont 25 sont mortes selon l’armée israélienne. L’offensive de représailles israélienne a fait 66.225 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l’ONU.
Mise à jour vendredi à 16 h 30, avec l’annonce de l’ultimatum fixé par Trump.