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Point du jour

Le Hamas examine une proposition de trêve, la polémique sur l’UNRWA freine l’aide humanitaire à Gaza, Israël restitue des corps exhumés… Ce qu’il faut retenir du conflit Hamas-Israël ce mardi 30 janvier

L’essentiel des informations sur la guerre entre le Hamas et Israël ce mardi 30 janvier.
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 30 janvier 2024. (Mahmud Hams /AFP)
publié le 30 janvier 2024 à 18h09

Une proposition de trêve sur la table. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, basé au Qatar, a affirmé ce mardi que son mouvement avait reçu une proposition de trêve avec Israël. Le résultat d’une réunion organisée à Paris le week-end dernier entre le directeur de la CIA, William Burns et des responsables égyptiens, israéliens et qataris. Le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis étaient à la manœuvre lors de la première trêve fin novembre. «Le Hamas examine la proposition qui a circulé lors de la réunion» de Paris et prépare sa réponse, selon un communiqué à Gaza du mouvement palestinien. La veille, le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani avait annoncé qu’un cadre pour une trêve accompagnée de nouvelles libérations d’otages serait transmis au Hamas, en faisant état de «progrès notables» à la réunion à Paris. Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a en outre redit qu’Israël ne libèrerait pas «des milliers de terroristes» palestiniens en échange de la libération d’otages à Gaza.

Cisjordanie : 3 Palestiniens tués par des forces israéliennes dans un hôpital. Présentés par Israël comme des «terroristes», 3 Palestiniens ont été tués mardi dans un hôpital de Jénine au cours d’une opération ciblée des forces israéliennes dans cette ville du nord de la Cisjordanie occupée, selon des sources concordantes. Un journaliste de l’AFP a vu les corps des trois hommes à l’intérieur de l’hôpital, pleurés par des proches. L’armée, la sécurité intérieure et la police israélienne ont indiqué avoir «neutralisé» au cours d’une opération conjointe Mohammad Jalamnah, un «terroriste du Hamas» qui «se cachait» dans cet hôpital, ainsi que «deux autres terroristes», Bassel et Ayman Ghazawi.

Les combats se poursuivent au sud de Gaza, plus de 120 morts dans la journée. D’après le ministère de la Santé du Hamas mardi, au moins 128 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures dans la bande de Gaza, dont des «dizaines» à Khan Younès, la grande ville du sud et épicentre de la bataille. Des témoins ont fait état de frappes israéliennes nocturnes dans plusieurs secteurs du territoire, et le Croissant-Rouge palestinien de tirs d’artillerie autour de l’hôpital al-Amal de Khan Younès. Le Jihad islamique, un autre groupe armé palestinien, a dit combattre les forces israéliennes près de Gaza-Ville et près de Khan Younès. L’armée israélienne a indiqué que ses «troupes poursuivaient les combats dans l’ouest de Khan Younès», où «des terroristes ont été éliminés et d’importantes quantités d’armes ont été trouvées». Le porte-parole de l’armée israélienne a fait état auparavant de «plus de 2 000 terroristes éliminés» dans la ville. Au total, selon le bilan du ministère de la Santé du Hamas, 26 751 personnes ont été tuées côté palestinien depuis le 7 octobre. En majorité des femmes, enfants et adolescents. Le Hamas fait également état de 65 636 personnes blessées depuis le début du conflit.

L’UNRWA tente de sortir de la crise. A New York, une réunion des principaux donateurs de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) est prévue à l’initiative du chef de l’ONU Antonio Guterres pour tenter de maintenir le financement de l’organisation. Plusieurs pays ont suspendu leur financement après qu’Israël a accusé 12 des 30 000 employés régionaux de l’UNRWA d’implication dans l’attaque du 7 octobre. «Sans ce financement, les perspectives pour l’UNRWA et les millions de gens qu’elle aide sont très sombres», a dit le porte-parole d’Antonio Guterres. L’UNRWA a licencié plusieurs des salariés concernés et promit une enquête. Cette polémique, «aussi importante soit-elle, détourne l’attention des près de 27 000 morts, dont 70 % de femmes et d’enfants» à Gaza, a déclaré un porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Christian Lindmeier, à Genève. «Cela détourne l’attention du fait qu’une population entière est empêchée d’avoir accès à l’eau potable, à la nourriture, à des abris», et «est soumise à un bombardement continu […]», a-t-il poursuivi. Une vingtaine d’ONG internationales se sont dites «révoltées» mardi, alors que Gaza vit une situation de «catastrophe humanitaire».

Israël restitue des dizaines de corps exhumés. Des dizaines de corps ont été enterrés mardi dans une fosse commune à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après la restitution par Israël des dépouilles de Palestiniens exhumées, selon des responsables palestiniens. Selon une source du ministère des Affaires religieuses du Hamas, les corps avaient été «volés» dans le cimetière de Bani Suheila, à l’est de Khan Younès (sud), il y a deux semaines. L’armée israélienne n’avait pas répondu dans l’immédiat aux questions soulevées alors. Mais elle avait déjà fait état d’exhumations de corps pour rechercher des otages israéliens enlevés par le Hamas le 7 octobre, et morts le jour même ou par la suite. Elle admet agir «dans des lieux spécifiques où les informations indiquent que les corps d’otages peuvent être localisés», et assure que «les corps dont il est établi qu’ils ne sont pas ceux d’otages sont rendus avec dignité et respect». Le ministère des Affaires religieuses à Gaza affirme que 2 000 tombes ont été ouvertes ou détruites sur le territoire palestinien.

Soldats américains tués en Jordanie : Iran joue la désescalade. Téhéran a adopté une position de prudence en prônant la diplomatie après l’attaque meurtrière contre des militaires américains attribuée à un groupe armé proche de l’Iran, tout en mettant en garde Washington qui a promis de riposter. Joe Biden a, en effet, annoncé des représailles «conséquentes» après la mort dimanche en Jordanie de trois soldats, sans préciser si elles toucheraient directement le territoire iranien comme le réclame une partie de la classe politique à Washington. Face à ces menaces, Téhéran s’est gardé publiquement de toute déclaration martiale, laissant la parole à sa diplomatie. «La République islamique ne souhaite pas l’expansion du conflit au Moyen-Orient», a affirmé lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani. Le chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian a enfoncé le clou mardi sur X : «La Maison Blanche sait que la solution pour mettre fin à la guerre et au génocide à Gaza ainsi qu’à la crise actuelle dans la région est politique». «La diplomatie est active dans ce sens», a-t-il ajouté. Des appels à «la désescalade» et «à la retenue» ont été lancés mardi respectivement par la Russie et la Chine, cette dernière s’inquiétant de la «spirale malsaine de représailles» au Moyen-Orient.

L’armée israélienne admet inonder les tunnels du Hamas. L’armée israélienne a admis mardi envoyer «de gros volumes d’eau» dans des tunnels utilisés par le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza pour les «neutraliser», assurant ne pas compromettre pour autant l’accès à l’eau potable de la population civile. «Cette capacité a été développée de façon professionnelle, y compris l’analyse des caractéristiques du sol et des canalisations» dans les zones concernées pour s’assurer qu’il n’y a aucun dégât sur les nappes phréatiques, a-t-elle précisé, évoquant une méthode utilisée uniquement dans les lieux où c’était «approprié». Surnommé «le métro de Gaza» par les militaires israéliens, le dédale de galeries creusées par le Hamas sous la bande de Gaza a d’abord servi à contourner le blocus imposé par Israël après la prise de pouvoir du Hamas dans ce territoire en 2007. Des centaines de galeries ont été creusées sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler personnes, marchandises, armes et munitions entre Gaza et le monde extérieur. Après la guerre entre Israël et le Hamas en 2014, le Hamas a étendu le réseau, d’où peuvent surgir ses combattants pour tirer leurs roquettes vers le sol israélien. Dans une étude publiée le 17 octobre, l’Institut de la guerre moderne de l’académie militaire américaine West Point évoque 1300 galeries sur 500 kilomètres. L’armée israélienne avait affirmé pour sa part début décembre avoir découvert plus de 800 descentes de tunnels, dont 500 ont été détruites.