Le bipeur sonne. A la caisse d’un magasin, l’homme se penche vers l’appareil attaché à sa ceinture. Une demi-seconde plus tard, l’engin explose. Sa tête est rejetée en arrière, il s’effondre. Sa casquette s’envole, soufflée par l’explosion, et retombe sur le comptoir. Il est environ 15h30 au Liban. Cette scène, captée sur une caméra de vidéosurveillance, se répète des dizaines et des dizaines de fois à travers le pays, quasi simultanément. Des hommes en train de faire leurs courses, des hommes en train de conduire, des hommes à table, assis, debout, couchés… tués ou blessés dans l’explosion soudaine de leur bipeur, au milieu de l’après-midi, ce mardi 17 septembre.
Les détonations ont retenti dans la banlieue sud de Beyrouth, dans la plaine orientale de la Bekaa et au Sud-Liban. Soit l’exacte cartographie de l’implantation du Hezbollah. Le mouvement armé libanais vient de vivre l’une des pires journées de ses quarante-deux ans d’existence. Ses militants – les hommes aux bipeurs – ont été visés par une attaque inédite dans l’histoire du renseignement. A la fois ciblée (le périmètre de chacune des explosions est relativement réduit) et de très grande ampleur. Plusieurs centaines de combattants du Parti de Dieu ont été blessés. En deux heures, près de 2 800 victimes ont été prises en charge dans les hôpitaux, saturés par l’affluen