Quand sa fille l’alerte le matin du 7 octobre – «Papa, que s’est-il passé en Israël ? Allume la télé !» –, Yuval Bitton se branche sur un canal d’informations et comprend instantanément qui est le cerveau de cette attaque terroriste. Un prisonnier qu’il a connu sous le matricule 7333335, incarcéré dans les geôles israéliennes de 1989 jusqu’en 2011, date à laquelle il a été libéré dans un échange de détenus. Un homme dont il a sauvé la vie : Yahya Sinwar, chef du mouvement islamiste Hamas à Gaza.
Alors que l’Israélien de 57 ans, soignant et retraité depuis deux ans, regarde l’horreur en direct à la télévision, tout remonte. La clinique dentaire du complexe pénitentiaire de Beer Sheva, dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, où il officie comme dentiste ; comment il se retrouve à venir en aide au prisonnier Yahya Sinwar, en 2004, respectant le serment d’Hippocrate auquel il a juré d’être fidèle ; comment le chef du Hamas à Gaza lui déclare ensuite, selon l’incroyable récit publié lundi 27 mai par le New York Times, qu’il lui «devait la vie».
Lorsqu’il est saisi par cette intuition, Yuval Bitton ne le sait pas encore, mais son neveu Tamir Adar, agriculteu