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Libération
Guerre à Gaza

Le ministre des Armées déclassifie un document pour tenter de prouver que la France ne livre pas d’armes à Israël

Sébastien Lecornu a laissé pour consultation ce mercredi 11 juin un document prouvant selon lui que la France n’envoie à Israël que des armes défensives ou destinées à la réexportation.
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, à la sortie de l'Élysée le 4 juin 2025. (Bertrand Guay /AFP)
publié le 11 juin 2025 à 21h06

«La France ne vend pas d’armes à Israël. Point.» Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu l’a martelé ce mercredi 11 juin lors d’une audition devant la commission Défense de l’Assemblée mercredi. Avec un document en main, qu’il a ensuite confié aux présidents des commissions Défense de l’Assemblée nationale et du Sénat, et que les parlementaires pourront consulter.

Il espère ainsi mettre fin aux accusations récurrentes d’organisations et de partis de l’opposition depuis plusieurs mois.

Le document déclassifié, que l’AFP a pu consulter, détaille les sous-catégories, parmi lesquelles on trouve des pièces fournies «pour du réexport uniquement» ou d’autres pour le «dôme de fer», le système de défense aérienne israélien. Figurent ainsi notamment des composants divers, des «maillons et accessoires pour munitions», des «éjecteurs de munitions» ou encore des potentiomètres pour missiles défensifs.

La liste concerne les exportations d’armements français vers Israël pour l’année 2024 (16 millions d’euros). «C’est conforme à notre doctrine, on ne vend pas d’armes», a confirmé l’entourage du ministre, précisant que les pièces réexportées sont elles-mêmes soumises à des restrictions de destination.

Vendredi, Sébastien Lecornu avait déjà défendu cette position après le refus de dockers du port de Marseille de charger sur un navire à destination du port israélien d’Haïfa un conteneur rempli de composants militaires.

Composants

Mardi, un rapport du réseau militant Progressive International (PI) accusait Paris de livrer de manière «régulière et continue» du matériel militaire à Israël depuis octobre 2023. Ces livraisons comprennent des composants servant à fabriquer «bombes, grenades, torpilles, mines et missiles», et une autre catégorie comprenant «lance-roquettes» ou «fusils militaires», selon ce rapport, qui dit s’appuyer notamment sur des données de l’Autorité fiscale israélienne.

En 2023, la France a reçu 19,9 millions d’euros de commandes d’armement de la part d’Israël, un montant relativement stable après 25,6 millions d’euros en 2022 et 19,4 millions d’euros en 2021, selon le rapport annuel présenté au Parlement sur les exportations d’armement français.

En revanche, un second rapport fait état d’un bond des exportations de biens à double usage (à des fins civiles et militaires) à destination d’Israël en 2023, pour 192 millions d’euros contre 34 millions en 2022, en majorité du matériel électronique.