- Donald Trump a déclaré mardi 4 février dans la soirée vouloir prendre le «contrôle à long terme» de la bande de Gaza, afin de déloger les plus de deux millions de Palestiniens qui vivent dans l’enclave et la transformer en «Côte d’Azur du Moyen-Orient». Présent aux côtés du président américain à la Maison Blanche, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou – premier dirigeant étranger reçu par Trump depuis son investiture –, s’est réjoui de cette proposition qui pourrait «changer l’histoire».
- Les réactions aux propos du président américain se multiplient depuis mercredi. La France a appelé à «la solution à deux Etats» et a dénoncé l’idée d’un «déplacement forcé de la population palestinienne». L’Allemagne et le Royaume-Uni ont rappelé que Gaza appartenait aux Palestiniens.
- Ce jeudi matin, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé la préparation d’un plan pour «permettre à tout habitant de Gaza qui le souhaite de partir».
Pour Marco Rubio, Gaza est «inhabitable» pour le moment. Vers un déplacement d’abord temporaire des Gazaouis ? Le secrétaire d’État américain a déclaré que Gaza n’était actuellement «pas habitable» en raison de dangers tels que des armes non explosées, et que les habitants devraient vivre ailleurs en attendant la reconstruction de la zone. Répondant à une question sur les critiques soulevées par le plan de Trump de déloger les Gazaouis de chez eux, le chef de la diplomatie «encourage» les pays critiquant le plan «à apporter une solution et une réponse à ce problème».
Trump veut des représailles contre les membres de la cour pénale internationale. Aucune limite. Le président américain va signer un décret imposant des sanctions financières, notamment, aux personnes et aux membres de leur famille qui participent aux enquêtes de la CPI sur des citoyens américains ou des alliés des États-Unis, comme Israël, apprend Reuters d’un fonctionnaire de la Maison Blanche. Le Sénat américain avait déjà tenté, la semaine dernière, de sanctionner la CPI pour protester contre les mandats d’arrêts délivrés à l’encontre du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et de son ancien ministre de la défense dans le cadre de la campagne menée par Israël à Gaza, mais les Démocrates avait bloqué l’initiative. Prévoyante, la Cour avait déjà pris des mesures pour protéger son personnel d’éventuelles sanctions américaines, en payant les salaires trois mois à l’avance, par exemple. En décembre, la présidente de la Cour, la juge Tomoko Akane, a averti que les sanctions «saperaient rapidement les opérations de la Cour dans toutes les situations et toutes les affaires, et mettraient en péril son existence même».
Le Programme alimentaire mondial appelle «tous les donateurs» à nourrir et reconstruire Gaza. «Nous appelons, en un moment crucial, la communauté internationale et tous les donateurs à continuer de soutenir le PAM pour sauver des vies», a déclaré le directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial, Carl Skau, après une visite à Gaza. L’en jeu est à la fois de nourrir des millions de Gazaouis et de reconstruire les zones dévastées par la guerre entre le Hamas et Israël.
Jared Kushner, futur promoteur immobilier de la «Côte d’Azur du Moyen-Orient» ? L’homme d’affaires et gendre de Donald Trump, qui a loué le potentiel immobilier de Gaza, comme son beau-père le 4 février, a multiplié les investissements à travers le monde, jusque dans une entreprise israélienne très active dans les colonies de Cisjordanie occupée. L’analyse d’Isabelle Hanne
Menace sur l’accord de cessez-le-feu ? Alors que de nouveaux otages israéliens et prisonniers palestiniens doivent être délivrés ce week-end, le ministère égyptien des Affaires étrangères s’est inquiété jeudi des conséquences des déclarations de Donald Trump sur le cessez-le-feu, mais aussi du soutien prononcé par Israël au projet. Ce dernier a estimé dans un communiqué que ce soutien «affaiblit et détruit les négociations sur un accord de cessez-le-feu et incite à une reprise des combats».
La riposte du Hamas. Après les propos de Donald Trump sur la prise de contrôle de Gaza, le mouvement islamiste palestinien a appelé à la tenue urgente d’un «sommet arabe», selon son porte-parole Hazem Qassem. «Nous appelons à un sommet arabe en urgence pour faire face au projet de déplacement.» Le responsable a par ailleurs appelé «les pays arabes à résister aux pressions de Trump et à rester fermes» et poussé «les organisations internationales à prendre des mesures fortes contre le plan de Trump».
Trump affirme qu’«aucun soldat américain n’est nécessaire» pour sa proposition sur Gaza. Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu’«aucun soldat américain n’est nécessaire» pour mener à bien sa proposition de prendre le contrôle de la bande de Gaza. «Il n’y aura besoin d’aucun soldat américain ! La stabilité régnerait dans la région !!!», a-t-il écrit sur son réseau social Truth Social.
Le Royaume-Uni fera tout pour empêcher un déplacement forcé des Palestiniens. 48 heures après la proposition lunaire de Donald Trump, ses propos continuent de faire parler. Ce jeudi, l’agence Reuters rapporte que le ministère des Affaires étrangères britannique a à nouveau assuré qu’il fera tout pour s’opposer au plan voulu par le président des Etats-Unis. Devant le parlement britannique, la ministre du Développement Anneliese Dodds a déclaré qu’il ne devait «pas y avoir de déplacement forcé de Palestiniens, ni de réduction du territoire de la bande de Gaza» : «Nous nous opposerons à tout effort visant à déplacer les Palestiniens de Gaza vers les États arabes voisins contre leur volonté. […] Les civils palestiniens doivent pouvoir retourner chez eux et reconstruire leurs maisons et leurs vies - c’est un droit garanti par le droit international.»
A Gaza, ce jeudi 6 février.
«Plus de 10 000 camions» d’aide humanitaire sont entrés à Gaza depuis le cessez-le-feu. L’aide humanitaire entrant dans Gaza, depuis le cessez-le-feu du 19 janvier, a connu «une augmentation massive», annonce ce jeudi matin Tom Fletcher, le patron de l’agence de coordination de l’aide humanitaire des Nations unies (Ocha). «Nous avons fait entrer plus de 10 000 camions au cours des deux semaines qui ont suivi le cessez-le-feu», a-t-il détaillé sur X.
Israël prépare un «plan» de départ volontaire des Gazaouis. «J’ai ordonné à l’armée israélienne de préparer un plan qui permettra à tout habitant de Gaza qui le souhaite de partir vers n’importe quel endroit du monde qui accepte de l’accueillir», a déclaré ce matin Israël Katz, ministre israélien de la Défense, dans un communiqué. Il a précisé que le plan comprendrait «des options de sortie aux points de passage terrestres ainsi que des dispositions spéciales pour les sorties par voie maritime et aérienne». Le seul aéroport de Gaza a été détruit pendant la Seconde Intifada (2000-2005) et la bande de Gaza, dévastée par la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, ne dispose pas de port pour le transport de passager. Israël interdit aux Palestiniens de Gaza toute sortie du territoire et le seul point de passage vers l’Egypte n’est ouvert que pour des évacuations médicales au compte-goutte. Israël Katz ne précise pas s’il a l’intention de laisser transiter par Israël les Palestiniens de Gaza qui choisiraient l’exil.
Proche-Orient
Un risque de «nettoyage ethnique» à Gaza selon l’ONU. En réaction à l’annonce provocatrice et inhumaine de Donald Trump, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a rappelé mercredi que les Palestiniens ont le droit de «vivre tout simplement comme des êtres humains sur leur propre terre». Le patron de l’ONU a par ailleurs mis en garde Donald Trump et Israël : «Il est essentiel d’éviter toute forme de nettoyage ethnique.»