Il était l’une des dernières voix de la bande de Gaza à continuer d’informer au péril de sa vie. Après 108 jours de guerre, le photojournaliste Motaz Azaiza a annoncé ce mardi matin qu’il évacuait sa terre natale. «C’est la dernière fois que vous me voyez avec ce gilet [de presse] lourd et malodorant, explique-t-il, en anglais, dans une courte vidéo partagée sur Instagram. Avec un peu de chance, je reviendrai bientôt et j’aiderai à reconstruire Gaza.»
Sans préciser les motifs de sa décision, Motaz Azaiza s’est depuis envolé pour le Qatar depuis l’aéroport international d’Al-Arich, en Egypte, à environ 45 kilomètres du poste-frontière de Rafah. «Est-ce que je peux être heureux ?» s’est-il interrogé au-dessus des nuages, face caméra, alors qu’il prenait l’avion pour la première fois de sa vie.
«Sans mensonge, sans filtre»
Alors qu’Israël a imposé un black-out médiatique dans l’enclave palestinienne – bloquant l’accès aux médias internationaux et coupant les connexions Internet aux habitants –, les journalistes gazaouis sont devenus les derniers témoins d’une guerre qui se joue à huis clos. A 24 ans, Motaz Azaiza publiait chaque jour des images des conséquences des bombardements israéliens : des corps carbonisés, des familles endeuillées, des immeubles pulvérisés. «Cent jours de perte,