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Point du jour

Le «pire scénario de famine» à Gaza, la France annonce des largages aériens d’aide et dénonce des actes de terrorisme en Cisjordanie… L’actu du conflit au Proche-Orient ce mardi 29 juillet

L’essentiel des informations sur la guerre entre le Hamas et Israël du jour.
Le 28 juillet 2025, Lana Salih Juha, cinq ans, souffre de malnutrition sévère en raison du blocus strict et des attaques israéliens. (Mohammed Y. M. Al-yaqoubi /Anadolu via AFP)
publié le 29 juillet 2025 à 11h01
(mis à jour le 29 juillet 2025 à 16h32)

Le rapport IPC alerte sur le «pire scénario de famine»

Le «pire scénario de famine est en cours dans la bande de Gaza» en raison de l’intensification des combats, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l’aide humanitaire, selon le rapport IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) publié mardi 29 juillet. La crise humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par près de 22 mois de guerre «a atteint un tournant alarmant et mortel», souligne ce rapport, fruit du travail d’organisations non-gouvernementales, institutions régionales et agences de l’ONU spécialisées.

Les largages aériens de vivres récemment autorisés par Israël «ne seront pas suffisants pour inverser la catastrophe humanitaire», avertit le document, selon qui ces parachutages sont plus coûteux, moins efficaces et plus dangereux que les acheminements par la route.

En mai dernier, le consortium, qui détermine le niveau d’insécurité alimentaire selon cinq niveaux, avait classé 1,95 million d’habitants de la bande de Gaza (93 % du total) en situation de «crise» (niveau 3), dont 925 000 en niveau 4 (urgence) et 244 000 en situation de catastrophe (niveau 5). Une nouvelle analyse chiffrée de la situation est en cours, indique le rapport.

La France annonce des prochains largages aériens d’aide

La France «procédera dans les prochains jours à des largages aériens» d’aide sur Gaza «afin de répondre aux besoins les plus essentiels et les plus urgents de la population civile», a indiqué une source diplomatique à l’AFP. «La plus grande précaution sera prise pour assurer la sécurité des populations lors de ces opérations», a précisé cette source, ajoutant que «la France travaille également à des acheminements par voie terrestre».

Trente morts dans des bombardements israéliens

La Défense civile à Gaza a fait état mardi de 30 morts, «des femmes et des enfants pour la plupart», dans des frappes israéliennes nocturnes menées sur le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de Gaza.

Le porte-parole de la Défense Mahmoud Bassal a dénoncé «un nouveau massacre de l’occupation [Israël, ndlr] après des raids aériens qui ont visé des maisons dans le camp de Nousseirat» lundi tard le soir et mardi avant l’aube. L’hôpital Al-Awda à Nousseirat a affirmé dans un communiqué avoir reçu «les corps de 30 martyrs dont ceux de 14 femmes et 12 enfants».

Un militant cisjordanien tué par des colons israéliens

L’Autorité palestinienne a annoncé lundi qu’un militant anti-occupation israélienne de Cisjordanie avait été abattu par des colons. «L’enseignant […] a été abattu par des colons le lundi 28 juillet 2025 lors de leur attaque contre le village d’Umm al-Khair» près d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, a affirmé le ministère de l’Education sur les réseaux sociaux. La police israélienne avait plus tôt fait état d’une enquête en cours suite à un «incident survenu près de la localité de Carmel», une colonie voisine d’Umm al-Khair, mais sans confirmer un meurtre.

Awdah Hathaleen était un habitant de la région de Massafer Yatta, au sud d’Hébron. Avec des voisins, il avait participé à mettre en lumière le sort de cette région déclarée zone militaire par Israël. Après une longue bataille judiciaire, la Cour suprême israélienne a donné raison en 2022 à l’armée, dans une décision ouvrant la voie à l’expulsion des habitants des huit villages installés dans cette région. Awdah Hathaleen avait collaboré au documentaire récemment oscarisé No Other Land, consacré à la lutte des Palestiniens dans cette région, a commenté le coréalisateur, Yuval Abraham. En réaction, la France a dénoncé des actes de terrorisme de la part des colons israéliens.

Les pays de l’ONU plaident pour une solution à deux Etats

Un plaidoyer pour la solution à deux Etats. Lors d’une conférence internationale, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, de nombreux Etats membres de l’ONU ont défendu l’idée de parvenir à la paix grâce à la reconnaissance de deux Etats distincts, israéliens et palestiniens. «La solution à deux Etats est en danger de mort», a alerté le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Mais «il n’existe pas d’alternative» à cette voie qui «permet de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens», a-t-il assuré.

Cette conférence a toutefois été critiquée avec virulence par les Etats-Unis. Le département d’Etat a dénoncé une initiative «contre-productive et inopportune», qui s’apparente à un «coup de publicité» au milieu «d’efforts diplomatiques délicats visant à mettre fin au conflit». De son côté, Israël a accusé l’initiative de «renforcer une illusion».

Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé jeudi 24 juillet sur les réseaux sociaux, son intention de reconnaître un Etat palestinien en septembre, d’autres «pays occidentaux» vont exprimer leur volonté de suivre le même chemin cette semaine, a assuré Jean-Noël Barrot à la conférence de l’ONU, sans les identifier. A l’issue de la première journée, seul le Luxembourg a laissé entendre qu’il pourrait emboîter le pas à la France en septembre.

Deux ministres israéliens d’extrême droite «indésirables» aux Pays-Bas

Les Pays-Bas ont déclaré lundi soir les ministres israéliens de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et des Finances Bezalel Smotrich «persona non grata» et «étrangers indésirables», a annoncé le chef de la diplomatie néerlandaise Caspar Veldkamp dans une lettre abordant la situation humanitaire à Gaza. «Le cabinet a décidé de déclarer les ministres israéliens Smotrich et Ben-Gvir persona non grata et s’est engagé à les enregistrer en tant qu’étrangers indésirables dans le système d’enregistrement Schengen SIS», a déclaré Caspar Veldkamp. Les deux ministres israéliens «ont incité à plusieurs reprises à la violence des colons contre la population palestinienne, ils prônent constamment l’expansion des colonies illégales et appellent à un nettoyage ethnique dans la bande de Gaza», a-t-il poursuivi.

A la suite de l’annonce de ces sanctions, Itamar Ben-Gvir, ministre de la sécurité nationale d’Israël a déclaré sur X que «dans un endroit où le terrorisme est toléré et où les terroristes sont les bienvenus, un ministre juif d’Israël est indésirable, les terroristes sont libres et les Juifs sont boycottés». «A en juger par l’hypocrisie européenne, la reddition de ses dirigeants aux mensonges de l’islam radical qui prend le contrôle, et l’antisémitisme croissant [en Europe] les Juifs ne pourront pas y vivre en sécurité à l’avenir non plus», a quant à lui déclaré le ministre des Finances Bezalel Smotrich.