Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé ce dimanche 26 octobre qu’il retirait toutes ses forces de Turquie vers le nord de l’Irak, pressant aussi Ankara de prendre «sans délai» des mesures juridiques pour sauver le processus de paix entamé il y a un an. «Nous mettons en œuvre le retrait de toutes nos forces à l’intérieur de la Turquie», a déclaré le PKK dans une déclaration lue lors d’une cérémonie dans le nord de l’Irak. La Turquie a salué cette annonce, y voyant des «résultats concrets» des efforts visant à mettre fin à un conflit de quatre décennies.
Le mouvement kurde a simultanément diffusé une photo montrant selon lui 25 combattants, dont huit femmes, se trouvant désormais dans le nord de l’Irak après avoir quitté la Turquie. Il n’y avait pas de confirmation dimanche matin du nombre de combattants impliqués dans ce retrait, mais des observateurs l’estiment à 200 ou 300.
Par ailleurs, la libération du chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, «est cruciale pour que ce processus avance avec une plus grande efficacité», a déclaré un responsable du groupe, ajoutant que le retrait troupes devrait servir la paix en empêchant des «provocations».
Vu d'Istanbul
A la suite de discussions indirectes entamées en octobre 2024, le PKK, considéré comme terroriste par Ankara, a annoncé en mai sa dissolution, répondant à un appel en ce sens de son chef historique Abdullah Öcalan. Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, les violences ont fait 50 000 morts, dont 2 000 soldats et causé des milliards de dollars de pertes à l’économie turque.
Le PKK dit désormais vouloir défendre les droits de la minorité kurde en Turquie par la voie démocratique comme l’a demandé Abdullah Öcalan, figure tutélaire du mouvement malgré ses années de détention, lors de son «appel à la paix» en février.
Voie démocratique
Lors d’une cérémonie en juillet dans le nord de l’Irak, au cœur de la région autonome du Kurdistan, une trentaine de combattants en treillis, avaient brûlé leurs fusils pour marquer une première phase de désarmement. Dans la foulée, en août, une commission parlementaire turque chargée de préparer un cadre légal au processus de paix a démarré ses travaux qui devront entre autres décider du sort d’Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali au large d’Istanbul, et des possibles garanties de sécurité pour ses combattants.
Lors de sa cérémonie dimanche, le PKK a ainsi appelé la Turquie à prendre les mesures juridiques nécessaires à la poursuite du processus de paix et à permettre l’intégration de ses militants dans la vie politique. «Les mesures juridiques et politiques voulues par le processus» et les lois «nécessaires à la participation à la vie politique démocratique doivent être mises en place sans délai», a souligné le PKK dans sa déclaration.
Reportage
«Nous voulons des lois spécifiques à ce processus (de paix), pas simplement une amnistie» pour les membres du PKK, a déclaré Sabri Ok, un cadre du mouvement, en soulignant l’importance que ces mesures garantissent la «liberté». Abdullah Öcalan, dont la libération est au cœur des demandes du PKK dans ce processus avec Ankara, a été autorisé en septembre - pour la première fois depuis six ans - à rencontrer ses avocats.
Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla. La population kurde, qui représente environ 20 % de la population de ce pays de 86 millions d’habitants, est aussi épuisée par ce long conflit. De quoi favoriser ces pourparlers indirects de paix.
Le parti pro-kurde DEM, troisième force au Parlement turc, a joué un rôle clé pour ce processus, en servant notamment d’intermédiaire entre Ankara et le PKK. Selon des médias turcs, une délégation du DEM doit à nouveau rencontrer le président Erdogan dans les prochains jours avant de se rendre sur l’île-prison d’Imrali pour s’entretenir avec Abdullah Öcalan.
Mise à jour à 10 h 19 avec davantage de contexte et 14 h 55 avec les déclarations d’un responsable du PKK.