Le propriétaire du navire lié à l’explosion dans le port de Beyrouth en 2020 a été arrêté le 5 septembre à l’aéroport de Sofia, a annoncé ce mardi 16 septembre la porte-parole du tribunal de la capitale bulgare. Interpellé sur la base d’une notice rouge d’Interpol, Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d’ammonium débarqué dans le port de Beyrouth où il avait explosé. Deux jours après son interpellation, Grechushkin a comparu devant le tribunal de Sofia et a été «placé en détention pour une durée maximale de quarante jours», a précisé la porte-parole. Selon la législation bulgare, cela correspond au temps dont disposent les autorités qui demandent une extradition afin d’envoyer les documents nécessaires
Grechushkin était recherché pour «introduction d’explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d’un grand nombre de personnes, désactivation de machines dans le but de faire couler un navire», a précisé le parquet bulgare. Selon la police des frontières, il a été arrêté lors d’un contrôle de routine des passagers arrivés de Paphos. «Il n’a opposé aucune résistance. Il a longtemps insisté pour parler à un avocat et, après en avoir consulté un, il a pleinement coopéré», a déclaré aux journalistes mardi Zdravko Samuilov, chef de la police aux frontières de l’aéroport de Sofia. Il a indiqué aux agents qu’il venait en Bulgarie «pour faire du tourisme», a-t-il ajouté.
Reportage
Le 4 août 2020, l’explosion de la cargaison du Rhosus, laissée à l’abandon plusieurs années dans le port de la capitale libanaise, avait fait plus de 200 morts et d’énormes dégâts. Les 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium étaient arrivées au port de Beyrouth en novembre 2013. Les autorités portuaires les avaient stockées dans un entrepôt délabré, selon des responsables libanais, tandis que le Rhosus, immobilisé après le lancement de poursuites contre le propriétaire, avait fini par couler dans le port en 2018. La déflagration de 2020, l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire, avait été provoquée par un incendie dans l’entrepôt où était stocké sans précaution le nitrate d’ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.
Au Liban, cinq ans après la catastrophe, les familles des victimes continuent à réclamer justice. Un premier juge chargé en 2020 de l’enquête avait jeté l’éponge après avoir inculpé l’ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres. Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris l’enquête qu’il avait dû à son tour interrompre en janvier 2023, se heurtant à l’hostilité d’une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l’accusait d’impartialité, avant d’être poursuivi pour insubordination. Il a pu reprendre ses enquêtes début 2025, après l’entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l’indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite est sorti très affaibli à l’automne.
Mise à jour à 12 h 16 avec davantage de contexte.