L’ONU a demandé la cessation «immédiate» de l’opération meurtrière menée par Israël en Cisjordanie occupée et jugé que la souffrance des habitants de Gaza allait «au-delà de ce que tout être humain devrait supporter». L’armée israélienne a annoncé avoir tué jeudi sept combattants palestiniens, au deuxième jour de cette large opération contre des groupes armés, qui a fait au moins 16 morts en 48 heures.
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Exprimant sa «profonde inquiétude», le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé jeudi sur le réseau social X à sa «fin immédiate», condamnant «fermement les pertes de vies humaines, notamment de mineurs».
Latest developments in the occupied West Bank, including Israel's launch of large-scale military operations, are deeply concerning.
— António Guterres (@antonioguterres) August 29, 2024
I strongly condemn the loss of lives, including of children, and I call for an immediate cessation of these operations. pic.twitter.com/ufTWrPcUT7
Le bureau des affaires humanitaires de l’ONU, Ocha, a alerté sur la poursuite «d’opérations militaires à proximité des hôpitaux» et les «graves dommages» infligés aux infrastructures, coupant par endroits électricité et télécommunications.
L’armée israélienne a lancé cette opération qualifiée «d’antiterroriste» mercredi en envoyant ses colonnes de blindés sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, dans le nord de la Cisjordanie occupée, où des groupes armés sont particulièrement actifs.
«La pression sur la résistance»
Après avoir alors fait état de neuf combattants tués, elle a affirmé jeudi en avoir tué sept autres : deux à Jénine et cinq retranchés «dans une mosquée» dans le camp Nour Chams de Tulkarem, parmi lesquels un commandant du Jihad islamique, groupe allié du Hamas qui a confirmé son décès. Selon le gouverneur de Tulkarem, Mostafa Taqatqa, les cinq ont été tués «dans un tir de roquette sur une maison», sans combats.
Le ministère palestinien de la Santé a également recensé 16 morts, parmi lesquels, selon le Croissant-Rouge palestinien, deux adolescents de 13 et 17 ans, qualifiés de «terroristes» par l’armée israélienne.
Des affrontements se sont poursuivis jeudi après-midi à Jénine et des soldats israéliens ont continué d’opérer à Tulkarem, selon deux journalistes de l’AFP. L’armée s’est en revanche retirée du camp de réfugiés de Toubas, ont indiqué des témoins.
Israël «veut mettre la pression sur la résistance» mais chaque «escalade sioniste» la renforce, a affirmé à l’AFPTV Mohamed Mansour, responsable politique anglais d’origine égyptienne. Les incursions israéliennes dans des zones autonomes palestiniennes sont quotidiennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël. Mais elles sont rarement d’une telle ampleur.
Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, les violences en Cisjordanie ont flambé. L’ONU a chiffré mercredi à au moins 637 les Palestiniens tués par l’armée israélienne ou des colons depuis le 7 octobre. Au moins 19 Israéliens parmi lesquels des soldats y sont morts dans des attaques palestiniennes ou des opérations de l’armée, selon les données officielles israéliennes.
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Des «pauses humanitaires» contre la polio
La plupart des 2,4 millions d’habitants du territoire palestinien ont été déplacés en près de 11 mois de guerre. Seule lueur d’espoir : un responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé jeudi que les autorités israéliennes avaient accepté une série de «pauses humanitaires» de trois journées chacune - à raison de plusieurs heures par jour - à travers Gaza pour lancer dimanche la vaccination des enfants contre la polio, après l’annonce d’un premier cas confirmé.
L’attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1 199 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l’armée.
L’offensive militaire de représailles israéliennes à Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a fait 40 602 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. Selon l’ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.