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Libération
Disparition

L’émir du Koweït Cheikh Nawaf est mort à l’âge de 86 ans, le prince héritier de 83 ans lui succède

En proie à des problèmes de santé récurrents, le dirigeant est mort ce samedi 16 décembre après un mandat de trois ans seulement à la tête de ce pays du Golfe riche en pétrole et marqué par des conflits politiques à répétition.
Cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah, en 2005. L'émir du Koweït est mort ce samedi 16 décembre à 86 ans. (Yasser Al-Zayyat /AFP)
publié le 16 décembre 2023 à 11h46
(mis à jour le 16 décembre 2023 à 12h40)

L’émir du Koweït, Cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah, est mort ce samedi 16 décembre à l’âge de 86 ans, annonce le Palais de l’émir. «Avec une grande tristesse, nous pleurons la mort de Cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah, émir de l’Etat du Koweït», indique un communiqué diffusé à la télévision d’Etat koweïtienne. Son successeur s’est dans la foulée fait connaître. Il s’agit du prince héritier Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, demi-frère de l’émir, âgé de 83 ans…

En novembre, cheikh Nawaf avait été admis à l’hôpital «en raison d’un problème de santé urgent», selon l’agence de presse officielle Kuna, qui n’a pas donné de détails sur sa maladie. Il a ensuite été déclaré dans un état stable. Compte tenu de son âge, sa santé a souvent été une préoccupation pendant son mandat.

Le cheikh Nawaf a occupé de multiples postes de responsabilité à Koweit, la capitale de ce pays de 4,2 millions d’habitants, dont 1,3 million de Koweitiens. Il a notamment été ministre de la Défense lorsque l’Irak a envahi le pays en 1990, déclenchant l’intervention d’une alliance militaire menée par les Etats-Unis qui a mis fin à l’occupation. Il a également été ministre de l’Intérieur lors de la période de troubles qui a vu les forces de sécurité koweïtiennes combattre les islamistes armés en 2005.

Avec son style discret, il a réussi à survivre aux remous de la politique koweïtienne marquée par des disputes à répétition entre le gouvernement et le Parlement de ce riche Etat pétrolier du Golfe, plongé depuis plusieurs années dans une profonde crise entre les pouvoirs exécutif et législatif, qui sape les espoirs de réformes.

Statu quo

Né en 1937, cheikh Nawaf était le cinquième fils de l’ancien émir cheikh Ahmad al-Jaber al-Sabah (1921-1950). Il a commencé sa carrière politique à 25 ans en tant que gouverneur de la province de Hawalli, avant de lancer sa carrière ministérielle.

Nommé prince héritier en 2006, il a succédé à son demi-frère, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, après le décès de ce dernier à 91 ans en septembre 2020. Au pouvoir, cheikh Nawaf a dû gérer une crise d’ordre économique provoquée par une chute des prix du pétrole, qui a vu la note souveraine du pays abaissée par les agences de notation en 2020.

Sur le plan diplomatique, il a gardé le statu quo, préférant ne pas nouer de relations avec Israël comme l’ont fait ses voisins de Bahreïn et des Emirats arabes unis. Il a également maintenu des relations équilibrées avec l’Arabie Saoudite et l’Iran, les deux grands rivaux de la région. «Cheikh Nawaf est considéré comme une personne calme qui, lorsque la situation l’exige, peut prendre des décisions fermes», résume Mohammed al-Faily, un constitutionnaliste de l’université de Koweït.

La disparition de cheikh Nawaf et l’âge avancé de son successeur, Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, augmentent les incertitudes dans un pays secoué par les divisions au sein même de la famille des Al-Sabah, dont certains membres accusent d’autres de corruption ou de conspiration. La Constitution du Koweït énonce que le souverain doit être un descendant du fondateur de la nation, Moubarak al-Sabah. Mais une tradition d’alternance entre les branches familiales des Salem et des Jaber a longtemps été observée.

L’ancien émir, cheikh Sabah, de la branche des Jaber, a mis fin à cette tradition en nommant comme prince héritier cheikh Nawaf, un autre Jaber, mettant ainsi à l’écart la branche des Salem. La question qui se pose désormais est de savoir si la famille princière va se choisir un dirigeant plus jeune. Le Koweït, pays conservateur où les pouvoirs souverains restent concentrés entre les mains de la famille Al-Sabah, abrite néanmoins le Parlement le plus actif et le plus puissant du Golfe.

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