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Libération
Conflit au Proche-Orient

Les bombardements israéliens massifs se poursuivent au Liban, les humanitaires s’alarment

Israël a à nouveau bombardé vendredi la capitale libanaise, ainsi que la principale route menant en Syrie. La ville de Tulkarem, en Cisjordanie, a également été visée. L’Iran affirme que ses alliés du Hezbollah et du Hamas ne reculeront pas.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, le vendredi 4 octobre 2024. (AFP)
publié le 4 octobre 2024 à 16h06

Elle était la voie la plus simple et la plus rapide pour rejoindre la Syrie et fuir les bombardements israéliens au Liban. Elle est désormais impraticable. Un raid israélien a détruit vendredi la route qui passe par Masnaa, laissant des cratères trop profonds pour être franchis autrement qu’à pied. Plus de 250 000 Syriens et 82 000 Libanais l’avaient emprunté en moins de deux semaines, selon les autorités libanaises. L’armée israélienne a affirmé qu’elle avait visé un tunnel passant sous la frontière, utilisé par le Hezbollah pour acheminer des armes iraniennes depuis la Syrie.

La banlieue sud de Beyrouth a elle aussi été visée, de manière massive dans la nuit de jeudi à vendredi. Plus de dix frappes, dont l’une au moins aussi violente que celle qui a tué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans son bunker le 27 septembre. Selon le site américain Axios et le média israélien Ynet, l’une des cibles était Hachem Safieddine, potentiel successeur de Nasrallah. L’armée israélienne n’a pas commenté. Elle a en revanche affirmé que Mohammad Rashid Sakaf, le chef des réseaux de communication du groupe, avait été tué.

«Forcés de fuir sans préavis ou presque»

La poursuite des bombardements israéliens à Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa, ainsi que les opérations terrestres au Sud-Liban, alarment les organisations humanitaires. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, le bilan s’élève à plus de 1 000 morts et plusieurs milliers de blessés en moins de deux semaines. Plus d’un million de personnes ont par ailleurs été déplacées. Elles doivent de plus en plus souvent dormir dehors, dans des rues, des parcs ou sur la plage, les refuges étant désormais pleins. «L’invasion terrestre et le bombardement de Beyrouth et de sa banlieue sud constitueront dans quelques jours un défi de taille pour le système humanitaire, a déclaré Bachir Ayoub, directeur national d’Oxfam pour le Liban. Les gens sont forcés de fuir sans préavis ou presque et doivent souvent tout laisser derrière eux pour rejoindre des abris inadéquats ou partager des maisons surpeuplées avec peu de matériel de première nécessité. Personne ne sait quand ils pourront retourner chez eux. Sans cessez-le-feu, le nombre de personnes désespérément dans le besoin ne fera qu’augmenter, tout comme leurs besoins. Le système de mise a l’abri va s’effondrer s’il n’y a pas de paix à l’horizon.»

En Cisjordanie, le Fatah, le mouvement du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a appelé à «un jour de colère» vendredi. Jeudi soir, un avion israélien a visé une cafétéria dans le camp de réfugiés de Nour Shams, l’un des deux camps de Tulkarem, une ville adossée à la ligne verte de séparation. Au moins 18 personnes ont été tuées, selon le ministère palestinien de la Santé, l’un des bilans les plus lourds depuis la seconde Intifada en 2000. L’une des victimes serait Zahi abd al-Razaq, alias Zahi Oufi, le chef local du Hamas, d’après le ministère de la Défense israélien, qui a précisé qu’il s’apprêtait à commettre une attaque «à très brève échéance». Ghaith Radwan, membre du Jihad islamique et de la brigade de Tulkarem, un groupe qui compte une petite cinquantaine de combattants, d’après des sources locales, aurait également été tué dans cette frappe qualifiée d’«illégale» par les Nations unies vendredi.

Menaces iraniennes

A Téhéran, le Guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, a donné un discours lors de la prière du vendredi, une première depuis janvier 2020 et la mort du général Qassem Soleimani, un haut commandant des Gardiens de la révolution, tué à Bagdad par une frappe de drone américain. Une adresse solennelle alors qu’Israël n’a pas encore riposté aux tirs de près de 200 missiles par l’Iran le 1er octobre. Jeudi, le président américain Joe Biden a dit être «en discussion» avec les autorités israéliennes sur d’éventuelles frappes contre les installations pétrolières de l’Iran après avoir exclu qu’elles puissent viser des sites nucléaires.

Khamenei a qualifié les tirs de missiles comme la «moindre» des représailles après les assassinats par Israël d’Hassan Nasrallah et d’Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet. «L’opération de nos forces armées était totalement légitime, a-t-il déclaré. La résistance dans la région ne reculera pas malgré les martyrs et remportera la victoire.» Trois heures plus tard, le chef adjoint des Gardiens de la révolution, Ali Fadavi, menaçait de frapper les installations énergétiques israéliennes si Israël visait celles de l’Iran.