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Libération
Escalade

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni bombardent les rebelles Houthis au Yémen

Dans la nuit de jeudi à ce vendredi 12 janvier, les armées américaine et britannique ont frappé les rebelles yéménites soutenus par l’Iran en plusieurs endroits. Une réponse aux attaques contre des navires marchands qui se multiplient depuis des semaines en mer Rouge.
Un appareil décolle d'un porte-avions américain, dans la nuit de jeudi à vendredi 12 janvier, pour aller bombarder des cibles contrôlées par les Houthis au Yemen. Image fournie par l'armée américaine. ( US Central Command/REUTERS)
publié le 12 janvier 2024 à 7h26

Ils avaient promis une riposte aux attaques répétées de navires en mer Rouge. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené dans la nuit de jeudi à ce vendredi 12 janvier des frappes contre les rebelles yéménites Houthis, qui menacent depuis des semaines le trafic maritime international en «solidarité» avec les Palestiniens de Gaza. Ces frappes ont ciblé des sites militaires dans plusieurs villes contrôlées par les Houthis, a indiqué la chaîne de télévision de ce groupe rebelle membre de «l’axe de la résistance», regroupement de mouvements armés hostiles à Israël et soutenus par l’Iran qui comprend également le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.

La capitale Sanaa, la ville portuaire de Hodeida, ainsi que Taëz et Saada ont été visées. D’après le Pentagone, les frappes ont pris pour cible des radars et des infrastructures destinées à lancer des drones et des missiles. Les frappes ont été menées à l’aide d’avions de combat et de missiles Tomahawk, ont indiqué plusieurs médias américains, Washington disant avoir bénéficié aussi du soutien de l’Australie, du Canada, des Pays-Bas et Bahreïn. De son côté, Londres a dit avoir déployé quatre avions de combat Typhoon FGR4 pour frapper avec des bombes guidées au laser les sites de Bani et Abbs, d’où les Houthis lancent des drones.

L’opération américano-britannique a été menée «avec succès» en réponse «directe aux attaques sans précédent des Houthis sur des navires internationaux en mer Rouge», a affirmé le président américain Joe Biden, évoquant une action «défensive» soutenue pour protéger notamment le commerce international. «Ces frappes ciblées sont un message clair (indiquant) que les Etats-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes (et) ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation à travers l’une des routes commerciales les plus importantes du monde», a ajouté le président américain. «Malgré les avertissements répétés de la communauté internationale, les Houthis ont continué de mener des attaques en mer Rouge […] Nous avons donc pris des mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense», a déclaré de son côté le Premier ministre britannique Rishi Sunak.

Les Houthis affirment vouloir poursuivre leurs attaques

«Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions», a réagi le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias du mouvement. «Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression», a-t-il menacé. «Il n’y a aucune justification à cette agression contre le Yémen, puisqu’il n’y avait pas de menace sur la navigation internationale en mer Rouge […], et la cible était et restera les navires israéliens ou ceux se dirigeant vers les ports de la Palestine occupée», a écrit sur X (ex-Twitter) un autre porte-parole des Houthis, Mohamed Abdel Salam.

Pour Paris, les Houthis portent «la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade régionale» . La France, qui a déployé une frégate dans la zone, «exige que les Houthis mettent fin immédiatement» à leurs attaques et rappelle que les Etats ont «le droit» d’y réagir, selon un communiqué de son ministère des Affaires étrangères. Paris «continuera à assumer ses responsabilités et à contribuer à la sûreté maritime dans cette zone en lien avec ses partenaires», ajoute le Quai d’Orsay, rappelant que la frégate Languedoc avait détruit des drones dans la zone en décembre.

Par voie de communiqué, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a, lui, «condamné fermement les attaques militaires menées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni». L’Iran, soutien du groupe rebelle, a souligné qu’il s’agissait d’une «action arbitraire» et d’une «violation flagrante de la souveraineté» de ce pays. Moscou accuse de son côté Londres et Washington d’«escalade» destructrice.

Dans la foulée de la guerre Israël-Hamas, les Houthis, proches de l’Iran et qui contrôlent une grande partie du Yémen, ont multiplié depuis la mi-novembre les attaques par missiles et par drones en mer Rouge, poussant de nombreux armateurs à contourner la zone, ce qui fait grimper les coûts et les temps de transport entre l’Europe et l’Asie. Depuis le 19 novembre, ce sont 27 attaques de missiles et de drones qui ont été recensés par l’armée américaines près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb, séparant la péninsule arabique de l’Afrique. Les Houthis disent cibler les navires commerciaux qu’ils soupçonnent d’être liés à Israël.

En réponse, les Etats-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone où transite 12 % du commerce mondial. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en tournée cette semaine au Moyen-Orient pour tenter de juguler l’escalade régionale en cours de la guerre Israël-Hamas, avait lancé un avertissement aux Houthis, tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU avait exigé l’arrêt «immédiat» de leurs attaques.

Mardi, 18 drones et trois missiles avaient été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique et par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower. Mais jeudi, les Houthis ont lancé un autre missile antinavire en mer Rouge. Et les rumeurs d’une intervention se sont emballées. La voilà qui se concrétise.

Mise à jour : à 8 h 20 avec les réactions iraniennes et russes puis à 9 h 25 avec celle du Quai d’Orsay.