On n’avait plus de nouvelles d’eux depuis plusieurs semaines et notamment depuis le bombardement le 23 juin par Israël de la sinistre prison d’Evin à Téhéran où ils étaient détenus. Et puis, ce mercredi 2 juillet au soir, le choc. Cécile Kohler et son compagnon, Jacques Paris, arrêtés et emprisonnés en Iran depuis plus de trois ans, sont inculpés «d’espionnage pour le Mossad», le service de renseignement extérieur israélien, de «complot pour renverser le régime» et de «corruption sur Terre», la formule consacrée employée pour accuser des opposants ou des ennemis du régime. L’annonce a été faite à l’AFP par une source diplomatique occidentale et l’entourage des détenus.
«Nous avons été informés de ces accusations», a affirmé la source diplomatique occidentale, ajoutant que ces accusations étaient «infondées». «Cécile Kohler et Jacques Paris sont innocents. Aucune sentence ne nous a été communiquée et à notre connaissance n’a été prononcée», a ajouté la source, exhortant les autorités iraniennes à autoriser Cécile Kohler et Jacques Paris à avoir accès à leurs avocats.
«Tout ce qu’on sait, c’est qu’ils ont vu un juge qui a confirmé ces trois chefs d’inculpation», a déclaré Noémie Kohler, la sœur de Cécile Kohler. «On ignore quand [ils se sont vus notifier ces chefs d’inculpation]. Mais ils n’ont toujours pas accès à des avocats indépendants», a-t-elle ajouté lors d’un entretien avec l’AFP au lendemain d’une visite consulaire du chargé d’affaires de l’ambassade de France à Téhéran.
Jusqu’à présent, l’Iran avait indiqué que les deux Français étaient accusés d’espionnage mais n’avait jamais révélé pour quel pays précisément.
«Preuve de vie»
Le porte-parole du Quai d’Orsay a immédiatement réagi. «Nous n’avons cessé d’exiger leur libération immédiate et inconditionnelle depuis leur arrestation il y a plus de trois ans», a-t-il indiqué, ajoutant que le président Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avaient «réitéré cette exigence auprès de leurs homologues iraniens à plusieurs reprises et encore ces derniers jours».
«La libération de Cécile Kohler et Jacques Paris est une priorité absolue pour nous. Nous l’avons toujours dit à nos interlocuteurs du régime iranien : la question de décisions éventuelles sur des sanctions sera conditionnée au règlement de ce problème, de ce différend majeur», a déclaré le ministre ce jeudi. «Nous n’avons pas été formellement notifiés par les autorités iraniennes des charges qui pèsent sur nos deux compatriotes. Si les chefs d’accusation qui ont été évoqués étaient confirmés, nous les considérerions comme totalement injustifiés et infondés», a-t-il également affirmé.
Mardi, Jean-Noël Barrot avait annoncé que Cécile Kohler et Jacques Paris dont on était sans nouvelles depuis la récente frappe israélienne sur leur prison, avaient reçu la visite d’un diplomate français.
Les familles et les avocats du couple avaient réclamé vendredi «une preuve de vie immédiatement». «Nous ignorons tout du sort de Cécile et Jacques, nous ignorons s’ils sont encore vivants, nous ignorons où ils sont», avait alors alerté Noémie Kohler.
A lire aussi
Les autorités françaises avaient indiqué la semaine précédente avoir «eu l’assurance» que les deux Français n’avaient pas été blessés dans la frappe israélienne du 23 juin. Mais «cette information vient des autorités iraniennes», ce qui est «loin d’être une garantie», avait alerté Noémie Kohler, dont le dernier contact téléphonique avec sa sœur remonte au 28 mai.
Cécile Kohler, professeure de lettres de 40 ans originaire de l’est de la France et son compagnon Jacques Paris, 72 ans, ont été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d’un voyage touristique en Iran.
Mise à jour le 3 juillet à 12 h 42 avec la réaction de Jean-Noël Barrot.