Les frappes menées par Israël contre plusieurs sites iraniens vendredi 13 juin marquent une intensification dans les tensions qui dictent historiquement les relations entre les deux pays. Des hostilités ravivées par les massacres menés par le Hamas le 7 Octobre.
Octobre 2023 : l’Iran approuve l’attaque du 7
Dès le lendemain de l’attaque sanglante du Hamas, Téhéran fait sonner une musique différente au milieu des messages de solidarité à l’égard d’Israël. «L’Iran soutient la légitime défense de la nation palestinienne», assure le 8 octobre l’ex-président iranien Ebrahim Raïssi, dont le régime ne reconnaît pas Israël. «Le régime sioniste et ses partisans […] doivent être tenus pour responsables dans cette affaire», enfonce-t-il.
Dans le centre de Téhéran, deux immenses banderoles avaient alors été déployées l’une proclame : «La grande libération a commencé», l’autre montre le damier noir et blanc du keffieh palestinien recouvrir peu à peu le drapeau blanc et bleu israélien. Une solidarité avec le crime de guerre qui n’échappe pas au Premier ministre Benyamin Nétanyahou qui, le 28 octobre, affirme que «90 % du budget militaire du Hamas vient d’Iran. Il (ce pays, ndlr) le finance, il l’organise, il le guide».
Décembre 2023 et janvier 2024 : Gardiens de la révolution tués
Le 25 décembre 2023, les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, accusent Israël d’avoir tué un de leurs commandants, le général Razi Moussavi, dans une frappe au sud de Damas et promettent de venger sa mort. Un mois plus tard, cinq membres des Gardiens de la Révolution, dont le chef en Syrie des renseignements des Gardiens iraniens, sont tués à Damas dans une frappe aérienne imputée à Israël. Ebrahim Raïssi menace d’y riposter.
Avril 2024 : frappe sur le consulat iranien à Damas
Le 1er avril 2024, une nouvelle frappe aérienne israélienne détruit l’annexe consulaire de l’ambassade iranienne à Damas, tuant notamment selon Téhéran sept membres des Gardiens de la révolution, dont deux hauts gradés de la Force Qods (en charge des opérations étrangères de l’Iran), Mohammad Reza Zahedi et Mohammad Hadi Haji Rahimi. L’Iran et la Syrie accusent Israël qui n’a ni confirmé ni démenti, mais l’armée israélienne a ensuite affirmé que les victimes de cette frappe étaient des «terroristes» engagés contre Israël.
Avril 2024 : l’Iran vise directement Israël
Près de deux semaines après, l’Iran lance le 13 avril une attaque de drones et de missiles vers Israël, première opération militaire visant directement le territoire israélien depuis l’instauration de la République islamique en 1979. La défense antiaérienne israélienne intercepte la quasi-totalité des tirs, avec l’aide des Etats-Unis et d’autres alliés. Israël promet de riposter. Six jours après, des explosions sont rapportées dans le centre de l’Iran. Téhéran en minimise l’impact sans accuser directement Israël, qui ne les revendique pas.
Eté 2024 : Israël tue des chefs du Hamas et du Hezbollah
Le 31 juillet 2024, le chef politique et «visage diplomatique» du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est tué dans une résidence dans le nord de Téhéran, après avoir assisté à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian. L’Iran, le Hamas et le Hezbollah libanais, soutenus par Téhéran, accusent Israël, qui en assume la responsabilité plusieurs mois plus tard.
Le 27 septembre, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est tué dans la banlieue de Beyrouth dans une frappe israélienne, dont l’armée cherche à réduire à néant l’influence de la milice pro-iranienne. Meurt également à ses côtés un général iranien des Gardiens. Le guide suprême iranien Ali Khamenei affirme que la perte du chef du Hezbollah «ne sera pas vaine».
Octobre 2024 : tirs de missiles
Quatre jours après la mort de Nasrallah, l’Iran lance «des dizaines de missiles balistiques» sur Israël. Cette attaque est une réponse aux assassinats des chefs du Hamas et du Hezbollah, affirment les Gardiens de la Révolution. L’armée israélienne affirme qu’un «grand nombre» de missiles iraniens ont été interceptés. Israël riposte le 26 octobre avec des frappes aériennes visant des cibles militaires. Début mai 2025, les deux pays échangeaient des menaces d’un niveau inédit.