L‘Espagne devrait rejoindre avant l’été les 139 pays (dont 9 Etats membres de l’Union européenne) qui reconnaissent officiellement l’Etat palestinien. Le Premier ministre Pedro Sánchez, qui avait déjà promis ce geste diplomatique, a fixé le délai mardi 2 avril lors d’une visite à Amman, en Jordanie. «Nous devons penser sérieusement à le faire ce semestre», a déclaré le dirigeant socialiste, de façon informelle, à un groupe de journalistes espagnols. Le chef du gouvernement a entamé une tournée dans trois pays du Moyen-Orient qui doit prendre fin ce mercredi 3 avril au Qatar, après une étape en Arabie Saoudite.
Madrid soutient en outre la demande de la Palestine de devenir Etat membre à part entière de l’ONU, son statut actuel étant, depuis novembre 2012, celui d’ «observateur». L’ambassadeur palestinien aux Nations unies, Riyad Mansour, a adressé mardi une lettre dans ce sens à la présidence du Conseil de sécurité, assurée par Malte ce mois-ci. La France semble elle aussi favorable à cette adhésion : en février, lors d’une visite en Jordanie, Emmanuel Macron avait estimé que le sujet n’était pas «un tabou pour la France».
Treize pays l’ont déjà fait en Europe
Les propos de Pedro Sánchez accélèrent le calendrier mis en place pour la reconnaissance d’un Etat palestinien. Le 9 mars, le chef du gouvernement avait déclaré qu’il proposerait au Parlement de Madrid de voter cette mesure d’ici à la fin de la législature, à l’été 2027. Et le 22 mars, en marge d’un sommet européen à Bruxelles, il avait publié une déclaration commune avec ses homologues irlandais, maltais et slovène où les quatre Etats se disaient «prêts à reconnaître la Palestine».
Ces pays rejoindraient ainsi les treize autres du continent européen (dont 9 membres de l’UE) qui accordent à la Palestine le statut d’Etat. La Suède, qui en fait partie, avait ainsi inauguré l’ambassade de Palestine à Stockholm en février 2015, en présence de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne. Les autres nations, dont la France, accueillent une «mission de Palestine» sur leur sol, qui n’a pas le rang d’ambassade. Celle installée à Paris a pour représentante Hala Abou-Assira.
Pedro Sánchez a affirmé à de multiples reprises que la seule solution au conflit israélo-palestinien passe par la reconnaissance de deux Etats. Et l’Espagne reste, au sein de l’Union européenne, avec l’Irlande et la Belgique, l’une des voix les plus critiques vis-à-vis d’Israël depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre. Le 17 février, six membres du gouvernement avaient participé à Madrid à un défilé réclamant un cessez-le-feu immédiat : le ministre des Transports Oscar Puente, socialiste, et cinq membres du parti de gauche radicale Sumar, partenaires du Parti socialiste (PSOE) dans une coalition de gauche.
Rappel de l’ambassadrice
Fin 2023, des déclarations critiques de Pedro Sánchez avaient provoqué la colère de Benyamin Nétanyahou et une grave crise diplomatique. Le 24 novembre, le Premier ministre espagnol et son homologue belge, Alexandre De Croo, avaient tenu une conférence commune au point de passage de Rafah, à la frontière entre Gaza et l’Egypte. Après avoir réaffirmé le droit d’Israël à se défendre, Sánchez avait affirmé : «Les meurtres aveugles de civils innocents, dont des milliers d’enfants, garçons et filles, sont totalement inacceptables». Israël avait alors rappelé son ambassadrice à Madrid. Elle a depuis repris son poste, mais les relations restent tendues.