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Conflit

«L’Etat palestinien est en train d’être effacé» : Israël approuve un plan majeur de colonisation en Cisjordanie, qui couperait le territoire en deux

Le projet de colonisation, baptisé E1, est à l’étude depuis plus de deux décennies, mais avait été gelé sous la pression des Etats-Unis. L’État hébreu prévoit notamment de construire 3 400 logements en Cisjordanie occupée.
Des véhicules de l'armée israélienne se déploient lors d'un raid dans le camp de réfugiés palestinien d'Askar, à l'est de la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 15 août 2025. (Jaafar Ashtiyeh/AFP)
publié le 20 août 2025 à 15h55
(mis à jour le 20 août 2025 à 18h04)

Ce mercredi, les autorités israéliennes ont donné leur aval à deux projets éminemment contestés. D’abord, en début de matinée, le ministère israélien de la Défense, Israël Katz, a donné son feu vert pour la prise de la ville de Gaza, tout en ordonnant le rappel de 60 000 réservistes de l’armée. Quelques heures plus tard, Israël a ensuite donné son accord définitif à autre plan controversé prévoyant la construction de 3 400 logements en Cisjordanie occupée. Un projet baptisé «E1», du nom de la zone dans laquelle il se situe, à l’est de Jérusalem.

«Je suis heureux d’annoncer qu’il y a une heure à peine, l’administration civile a approuvé la planification pour la construction du quartier E1 , a ainsi annoncé dans un communiqué Guy Yifrah, maire de la colonie israélienne voisine de Maalé Adoumim.

«L’Etat palestinien est en train d’être effacé, non pas par des slogans, mais par des actes», s’est pour sa part félicité ce mercredi le ministre des finances, Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite, lors d’une conférence de presse. Depuis une semaine, le ministre n’a eu de cesse d’appeler à accélérer la mise en œuvre de ce plan et à annexer la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, en riposte aux annonces de plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat de Palestine.

Un «plan fatal pour toute chance d’une solution à deux Etats»

La perspective de l’approbation de ce projet emblématique suscitait toutefois depuis plusieurs jours une véritable levée de boucliers. Car selon ses détracteurs, ce plan couperait le territoire palestinien en deux et empêcherait la création d’un éventuel Etat palestinien avec une continuité territoriale. L’ONU avait alors appelé Israël à renoncer à sa construction, tandis que l’Union européenne avait elle aussi jugé que ce projet constituait «une violation du droit international».

Ce mercredi, L’ONG israélienne anti-colonisation «La Paix maintenant» a, elle aussi, mis en garde contre un «plan fatal pour l’avenir d’Israël et pour toute chance d’une solution à deux Etats» du conflit israélo-palestinien. De son côté, l’Autorité palestinienne estime que ce projet «fragmente l’unité» de la Cisjordanie et «ancre la division de la Cisjordanie occupée en zones et cantons isolés, déconnectés géographiquement et ressemblant à de véritables prisons».

L’ONG Ir Amim, qui travaille sur les droits des Palestiniens, a estimé sur X que l’approbation de «E1 démontre à quel point Israël est déterminé à poursuivre ce que le ministre Smotrich a décrit comme un programme stratégique visant à enterrer la possibilité d’un Etat palestinien et à annexer effectivement la Cisjordanie». Pour cette ONG, «il s’agit d’un choix délibéré d’Israël pour mettre en œuvre un régime d’apartheid».

Hors Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d’environ 500 000 Israéliens installés dans des colonies que l’ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967. Elle s’est nettement intensifiée sous l’exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du Hamas sur Israël. Les affrontements, parfois meurtriers, entre populations locales palestiniennes, armée et colons juifs s’y sont par ailleurs multipliés.

Mise à jour à 17 h 40 avec davantage d’éléments sur le plan «E1» et la réaction de l’UE