Des affrontements ont fait huit morts et plus d’une trentaine de blessés ce week-end à Aïn el-Héloué, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Liban. Les combats se poursuivent ce lundi 31 juillet, malgré un cessez-le-feu signé dimanche soir à l’issue d’une rencontre entre factions palestiniennes et en présence des groupes chiites libanais Amal et Hezbollah.
Ces violences opposent des membres du Fatah, mouvement politique dirigé par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, à des groupuscules islamistes. Les affrontements ont éclaté samedi 29 juillet après la mort d’un islamiste du groupe al-Shabab al-Muslim. En réponse, cinq combattants du Fatah ont été tués dans une embuscade, dont l’un des leaders du mouvement, Achraf al-Armouchi, également commandant des Forces de sécurité palestiniennes. La présidence palestinienne a dénoncé dimanche un «massacre haineux et l’assassinat terroriste» des membres du Fatah. «La sécurité des camps est une ligne rouge et il n’est pas permis à quiconque d’intimider notre peuple et de porter atteinte à sa sécurité», poursuit la présidence dans son communiqué. Deux autres personnes ont été tuées ce lundi selon des sources médicales, dont un homme de 31 ans ayant succombé à ses blessures à l’hôpital.
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Etabli en 1948 aux abords de la ville portuaire de Saïda au Sud-Liban, Aïn el-Héloué accueille 54 000 réfugiés palestiniens, auxquels s’ajoutent des milliers d’autres Palestiniens ayant fui la guerre en Syrie. Au Liban, plus de 450 000 Palestiniens sont enregistrés comme réfugiés auprès de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. La sécurité à l’intérieur d’Aïn el-Héloué est assurée par des factions palestiniennes, l’armée libanaise ne pénétrant pas dans les douze camps palestiniens du pays en vertu d’un accord tacite de longue date entre le Liban et les autorités palestiniennes. Certaines zones échappent malgré tout aux forces de sécurité et le camp est connu pour avoir abrité des jihadistes et des fugitifs recherchés au Liban. Aïn el-Héloué est aussi le théâtre régulier d’affrontements entre groupes rivaux, parfois mortels. Il y a deux mois, un membre du Fatah y avait déjà été tué lors d’un épisode de violences similaire à celui de ce week-end.
Un soldat libanais blessé
Lundi matin, pour tenter d’échapper aux violences, des dizaines d’habitants d’Aïn el-Héloué, notamment des femmes et des enfants, fuyaient pour se réfugier dans la ville de Saïda. Au moins 200 familles ont aussi été déplacées à l’intérieur du camp, a indiqué la directrice de l’UNRWA au Liban, Dorothee Klaus, sur son compte Twitter. L’agence onusienne a suspendu toutes ses opérations à l’intérieur du camp depuis dimanche après-midi.
Des obus sont également tombés à l’extérieur du camp et des balles perdues ont endommagé des habitations à Saïda. L’armée libanaise a indiqué dans un communiqué qu’un de ses soldats avait été blessé par des éclats d’«obus de mortier tombé dans un des postes militaires», précisant que son état de santé était stable. Un lance-grenade tiré pendant les affrontements serait tombé hors du camp lundi matin et aurait touché un marché, selon l’agence officielle libanaise ANI, qui souligne l’usage par les combattants «d’armes lourdes». Le Premier ministre libanais Najib Mikati a critiqué des «tentatives répétées d’utiliser le Liban» comme terrain d’affrontement «pour régler des comptes extérieurs aux dépens du Liban et des Libanais».