A 18 heures ce mercredi, la nuit est déjà tombée sur les quartiers sud de Beyrouth. A Haret Hreik, on peine à entrevoir les silhouettes vêtues de noir qui traversent la voie rapide. Quelques groupes d’hommes, de femmes, avancent le visage clos. Seule tranche sur leurs épaules une étoffe jaune vif, portée en châle, floquée du logo du Hezbollah. «Je suis venu écouter le Sayyed», revendique fièrement Hussein, la vingtaine. «Sayyed», c’est le titre que ses partisans donnent à Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah libanais.
Dans une vaste salle drapée de rideaux noirs, où hommes et femmes sont séparés, des centaines de personnes se sont réunies. Hassan Nasrallah s’apprête à prendre la parole pour la troisième fois depuis le 7 octobre. Une parole particulièrement attendue par ses partisans : «Il va donner la marche à suivre, donner la punition à ceux qui s’en sont pris à nos martyrs», fustige Jaafar, un jeune de la banlieue sud venu avec ses amis. Il n’a pas le temps de poursuivre sa phrase, le visage de Nasrallah apparaît sur l’écran géant qui surplombe la foule. Craignant d’être la cible d’une attaque israélienne, le leader ne s’exprime jamais en public. Poing levé, étendard brandi, les militants s’égosillent comme à chacune de ses p