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Proche-Orient

Libération de détenus à Gaza : le directeur de l’hôpital Al-Shifa accuse Israël de «sévères tortures»

Gaza, l'engrenagedossier
Libéré ce lundi après sept mois de détention, Mohammed Abou Salmiya, directeur de l’hôpital Al-Shifa établi au centre de Gaza, a déclaré avoir subi des «tortures» dans une prison israélienne. L’armée israélienne a déclaré «vérifier ces informations».
Mohammed Abou Salmiya, directeur de l’hôpital Al-Shifa, à Gaza, le 1er juillet. (Bashar Taleb/AFP)
publié le 1er juillet 2024 à 18h25

Ce lundi 1er juillet, Israël a relâché plusieurs dizaines de détenus palestiniens, parmi lesquels Mohammed Abou Salmiya, directeur de l’hôpital Al-Shifa, le plus grand établissement médical de Gaza situé au centre de l’enclave. Les prisonniers ont été transportés vers divers centres médicaux à Gaza, a rapporté une source de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa situé à Deir al-Balah, au centre de la bande. Cinq d’entre eux ont été admis dans cet hôpital, tandis que les autres ont été dirigés vers des établissements de Khan Younès, au sud du territoire.

Le médecin Mohammed Abou Salmiya, arrêté fin novembre «sans inculpation», selon ses mots, a décrit les conditions de détention qu’il a subi lors d’une conférence de presse à l’hôpital Nasser, à Khan Younès. Il a affirmé avoir subi une fracture au pouce et avoir été privé de nourriture adéquate et de soins médicaux. «Pendant deux mois, les prisonniers n’ont mangé qu’une miche de pain par jour», a-t-il déclaré, ajoutant qu’ils étaient soumis à des humiliations physiques et psychologiques constantes. «De nombreux prisonniers sont morts dans les centres d’interrogation et ont été privés de nourriture et de médicaments.» Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne a déclaré «vérifier ces informations».

«Renoncement à la sécurité»

Le Shin Beth, agence de sécurité intérieure israélienne, a justifié ces libérations comme nécessaires pour désengorger les centres de détention, tout en exprimant son opposition ferme à la libération de membres du Hamas impliqués dans des actes terroristes, affirmant que les détenus relâchés présentaient un danger moindre, selon un communiqué officiel. Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a lui vivement critiqué la libération des détenus, dont Mohammed Abou Salmiya, la qualifiant de «renoncement à la sécurité». De son côté, le Hamas a condamné les conditions de détention qualifiées d’inhumaines et dénoncé dans un communiqué «le comportement criminel du gouvernement fasciste d’occupation».

En mai, des associations palestiniennes de défense des droits des détenus avaient affirmé que deux Palestiniens, dont un médecin d’Al-Shifa, étaient morts dans une prison israélienne, succombant à des «tortures» et à l’absence de soins. L’armée israélienne avait alors indiqué «ne pas être informée» de tels faits. Elle avait néanmoins ouvert une enquête en décembre après la mort en détention de plusieurs Palestiniens arrêtés à Gaza depuis le 7 octobre.

Les hôpitaux de l’enclave ont été gravement touchés par les opérations militaires israéliennes depuis le début de l’offensive lancée en réponse à l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre. Israël accuse le mouvement islamiste d’utiliser ces infrastructures à des fins militaires, accusations que le Hamas réfute. L’hôpital Al-Shifa, en particulier, a été le théâtre de raids intensifs, et au mois trois fosses communes ont été découvertes sur le site en avril et en mai, d’après des sources locales.

En janvier, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré avoir recensé 590 attaques depuis le 7 Octobre contre les infrastructures de santé dans l’enclave, touchant 94 établissements de santé et 79 ambulances.