Sur une feuille posée sur sa nappe en termeh, un cachemire iranien, Golnaz (1) trace une grande croix avec un stylo noir. «C’est ce que les agents de la République islamique ont fait par deux fois sur ma carte d’accès à l’examen national d’entrée à l’université, quand je leur ai dit que j’étais bahaie. A la section religion, il y avait écrit “musulmane”. La vérité étant un principe essentiel de ma foi, je ne voulais pas mentir», se remémore l’Iranienne de 42 ans naturalisée française. Pour avoir assumé d’être une adepte du bahaïsme, la plus grande religion minoritaire non reconnue en Iran, Golnaz n’a pas eu le droit de faire des études supérieures.
Depuis l’apparition de cette religion monothéiste au XIXe siècle, les Bahaïs font l’objet d’une vive discrimination en Iran. En 1979, dès sa proclamation, la République islamique a instauré une politique de persécution planifiée et systématique à leur égard. Arrestations, exécutions, confiscation de biens… Leurs droits fondamentaux sont constamment piétinés par le régime iranien. L’éducation n’échappe pas à la règle. «Il est difficile d’avoir des statistiques exactes depuis l’Iran, mais chaque année, des centaines d’étudiants sont privés d’enseignement supérieur», affirme Simin Fahandej, représentante de la Communauté