L’Iran n’en finit pas de gratter du terrain sur son programme nucléaire et d’inquiéter la communauté internationale. Téhéran a commencé à produire de l’uranium enrichi à 60 % dans son usine de Fordo, a annoncé mardi l’agence de presse Isna. Un taux bien au-delà du seuil de 3,67 % fixé par l’accord international de 2015 sur son programme nucléaire. Le pacte conclu entre l’Iran et les Occidentaux vise à empêcher Téhéran de se doter de l’arme atomique, un objectif que l’Iran a toujours nié poursuivre. Mais à la suite du retrait en 2018 des Etats-Unis et du rétablissement des sanctions américaines qui étouffent son économie, Téhéran s’est progressivement affranchi de ses obligations.
Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont dénoncé l’extension du programme nucléaire iranien, après la confirmation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Dans une déclaration commune, les trois pays «condamnent les dernières mesures de l’Iran, confirmées par l’AIEA, visant une nouvelle expansion de son programme nucléaire».
En augmentant ses capacités de production, Téhéran «a pris de nouvelles mesures significatives qui vident» l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 «de son contenu», estiment les gouvernements britannique, français et allemand. «La décision de l’Iran d’accroître sa production d’uranium hautement enrichi sur le site d’enrichissement souterrain de Fordo est particulièrement préoccupante», estiment les trois pays, pour qui il s’agit là d’un «défi pour le système international de non-prolifération». Cette mesure, qui présente «des risques significatifs de prolifération, n’a aucune justification civile crédible», poursuivent-ils.
«La présentation de cette escalade comme une réaction à l’adoption par le Conseil des Gouverneurs de l’Agence internationale de l’Energie atomique d’une résolution appelant à la coopération de l’Iran sur les garanties est inacceptable», estiment les trois capitales européennes, rappelant que «l’Iran a une obligation légale au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de mettre pleinement en œuvre son accord de garanties». Elles concluent : «Nous continuerons de consulter nos partenaires internationaux sur la manière de répondre à la poursuite de l’escalade nucléaire de l’Iran.»
Interview
Le 10 novembre, l’Iran a affirmé avoir fabriqué un missile balistique hypersonique, une arme manœuvrable, «capable de traverser tous les systèmes de défense antimissile». En avril 2021, le pays avait annoncé avoir commencé à produire de l’uranium enrichi à 60 % dans le site de Natanz (centre), se rapprochant des 90 % nécessaires à la confection d’une bombe atomique. «L’Iran a commencé la production d’uranium enrichi à 60 % pour la première fois à Fordo», a indiqué mardi l’agence Isna. Cette usine souterraine située à 180 kilomètres au sud de Téhéran a été remise en service en 2019 et récemment modifiée en vue d’obtenir une meilleure efficacité.
Dimanche soir, l’Iran avait annoncé avoir pris des mesures de rétorsion contre l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à la suite d’une résolution de cette dernière critiquant le manque de coopération de Téhéran, présentée par les Etats-Unis et trois pays européens (Royaume-Uni, France et Allemagne). Les négociations pour relancer l’accord de 2015, connu sous son acronyme anglais JCPOA, conclu entre l’Iran, l’Union européenne et six grandes puissances, dont les Etats-Unis, sont au point mort. «En outre, dans la deuxième action en réponse à la résolution, l’Iran a injecté du gaz dans deux autres cascades IR-2m et IR-4 sur le site de Natanz», a ajouté Isna. Cette montée en puissance se produit alors que l’AIEA est confrontée à une nette restriction de ses inspections sur place.
Mise à jour à 21 h 08 avec la confirmation de l’AIEA et les réactions communes du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne.