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Tensions

L’Iran exécute un Irano-Britannique accusé d’être un «espion clé» du Royaume-Uni, Londres dénonce «un acte barbare»

Iran—Etats-Unis, l'escaladedossier
Alireza Akbari, 61 ans, avait occupé des fonctions importantes dans le système de sécurité iranien. Londres et Washington avaient mis en garde contre une «exécution inadmissible» par un «régime barbare».
Une manifestation d'exilés iraniens avait lieu dans la ville allemande de Cologne, le 11 janvier dernier. (Christoph Hardt/DPA/AFP)
publié le 14 janvier 2023 à 8h47
(mis à jour le 14 janvier 2023 à 10h57)

Une exécution supplémentaire dans la litanie des horreurs du régime islamiste. Un Irano-Britannique a été exécuté par pendaison après avoir été condamné à mort pour espionnage pour le compte des services de renseignements britanniques, a annoncé ce samedi matin l’agence de l’Autorité judiciaire iranienne. Un «acte barbare» qui «ne restera pas sans réponse», a réagi dans la foulée le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly. Amnesty International a de son côté appelé le gouvernement britannique à «enquêter pleinement» sur les accusations de torture perpétrées à l’encontre de leur ressortissant. «L’exécution ce matin par les autorités iraniennes (...) d’Alireza Akbari témoigne une nouvelle fois de leur odieuse attaque contre le droit à la vie», a fustigé l’organisation de défense des droits humains.

Ancien haut responsable de la défense iranienne, Alireza Akbari, 61 ans, avait été condamné pour «corruption sur Terre et pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays pour avoir transmis des renseignements» au Royaume-Uni, selon l’agence de presse iranienne Mizan Online.

Son exécution est intervenue trois jours après l’annonce par la justice iranienne de la condamnation à mort de cet homme, présenté comme ayant été un «espion clé» pour le «Secret intelligence service» britannique (SIS) en raison de «l’importance de sa position».

Jeudi, les médias officiels iraniens avaient rapporté qu’Alireza Akbari avait occupé des postes haut placés dans l’appareil sécuritaire et de défense. Selon l’agence de presse IRNA, il était un ancien combattant de la guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988) avant d’occuper des postes importants, comme «vice-ministre de la Défense pour les Affaires étrangères», chef d’une unité dans un centre de recherche ministériel, «conseiller pour le commandant de la Marine», entre autres.

Il a aussi travaillé au sein du «secrétariat du Conseil national suprême de la sécurité», a précisé IRNA, en ajoutant qu’Alireza Akbari a été arrêté entre mars 2019 et mars 2020. IRNA n’a pas précisé à quelles dates Alireza Akbari occupait ces postes.

Charges «politiquement motivées»

Cette annonce avait provoqué la colère de Londres qui a demandé la non exécution de la sentence. «L’Iran doit cesser l’exécution du ressortissant britannique et iranien Alireza Akbari et le libérer immédiatement», avait réagi le chef de la diplomatie britannique James Cleverly. «Il s’agit d’un acte politiquement motivé par un régime barbare qui a un mépris total pour la vie humaine», selon lui.

Les Etats-Unis ont affirmé vendredi joindre leur voix au Royaume-Uni pour appeler l’Iran à ne pas exécuter Alireza Akbari. «Les charges pesant sur Alireza Akbari et sa condamnation à mort sont politiquement motivées et son exécution serait inadmissible», a déclaré le porte-parole adjoint de la diplomatie américaine, Vedant Patel.

L’Iran annonce régulièrement l’arrestation d’agents soupçonnés de travailler pour des services de renseignements étrangers, notamment d’Israël. Début décembre, l’Iran a exécuté quatre personnes accusées de coopérer avec les services de renseignement israéliens.

L’exécution d’Akbari intervient alors que l’Iran a été secoué par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, après avoir été arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes.

La justice iranienne a confirmé la condamnation à mort de 18 personnes en lien avec les manifestations, selon un décompte établi par l’AFP à partir d’annonces officielles. Parmi eux, 4 ont déjà été exécutés, déclenchant un tollé international.