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Libération
Violence

L’Iran intensifie sa guerre contre les femmes

La police iranienne a renforcé samedi 13 avril ses contrôles sur le port obligatoire du hijab. Depuis la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, de nombreuses Iraniennes contestent la politique liberticide du régime.
Dans le nord de Téhéran, le 16 mars 2024. (Vahid Salemi/AP)
publié le 16 avril 2024 à 17h16

Dans un contexte de fortes tensions avec Israël, l’Iran continue sa répression liberticide envers les femmes. La police iranienne a annoncé samedi 13 avril 2024 le renforcement de ses contrôles sur le port obligatoire du voile par les femmes dans la rue, tout en regrettant qu’il soit de moins en moins respecté. Les femmes «qui n’ont pas prêté attention aux précédents avertissements de la police feront l’objet d’une attention particulière et seront poursuivies», a averti le général Abasali Mohammadian. Ce durcissement intervient quelques jours après un discours du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui avait rappelé que toutes les femmes devaient respecter le port du voile quelle que soit leur croyance.

De nombreux témoignages de victimes

En septembre 2022, la mort en détention de Mahsa Amini avait déclenché un mouvement de contestation, qui n’a jamais vraiment cessé. Elle avait été arrêtée et emmenée au commissariat de Vozara pour infraction au strict code vestimentaire en vigueur dans le pays. Depuis, de plus en plus de femmes n’hésitent pas à enlever leur voile. Selon l’agence de presse des militants des droits de l’homme, l’artiste et militante iranienne Atena Farghadani, qui a été arrêtée le 13 avril pour «propagande contre la république islamique» et «trouble à l’ordre public», a refusé sa libération sous caution en signe de protestation. Elle a été transférée à la prison pour femmes de Qarchak.

Les langues se sont elles aussi déliées avec des témoignages toujours plus nombreux sur les réseaux sociaux. «J’ai dit que je payais mes impôts et que j’avais le droit d’utiliser le métro. Ils m’ont emmenée violemment dans un bureau, m’ont donné des coups de taser et m’ont agressée sexuellement», a témoigné Dina Ghalibaf, une étudiante et journaliste de 23 ans, sur X (ex-Twitter), après avoir été arrêté par la police des mœurs. Des comptes militants ont fait part de leur inquiétude sur sa sécurité. Cette brigade mise en place depuis 2005 avait disparu des radars après la vague de contestation. Mais plusieurs vidéos récentes témoignent d’une montée des actes de violences envers les femmes qui ne portent pas le voile. Certaines sont traînées sur plusieurs mètres, puis emmenées dans des véhicules banalisés. D’autres images montrent des hommes partisans du régime agresser des Iraniennes directement dans leur voiture. Des médias locaux ont rapporté ces derniers mois que la police avait saisi des véhicules transportant des femmes sans voile et sanctionné leurs propriétaires. Des cafés et restaurants où le port du hijab n’était pas respecté par des employées ou des clientes ont également été fermés. Ces événements pourraient bien relancer les contestations contre le régime iranien, alors que celui-ci est dans l’attente d’une possible riposte d’Israël.