Menu
Libération
Nationalisme

L’Iran interdit l’apprentissage des langues étrangères pour les enfants avant le collège

Téhéran a décidé ce mardi 17 octobre l’apprentissage de toute langue étrangère dans les jardins d’enfants, écoles maternelles et primaires. Une mesure ayant pour but de lutter contre le monopole de l’anglais.
Des élèves iraniens dans une école de Téhéran, le 11 octobre 2022. (Atta Kenare/AFP)
publié le 17 octobre 2023 à 17h13

L’Iran se replie encore un peu plus sur lui-même. Le gouvernement iranien a annoncé mardi 17 octobre interdire l’apprentissage de langues étrangères pour les plus jeunes élèves. La décision s’appliquera «dans les jardins d’enfants, les écoles maternelles et les écoles primaires, car à cet âge, l’identité iranienne de l’enfant se forme», a argumenté Massoud Tehrani-Farjad, un responsable du ministère de l’Education.

Cette interdiction «ne concerne pas seulement l’anglais, mais également d’autres langues, dont l’arabe», a ajouté Massoud Tehrani-Farjad. Pourtant, le farsi (ou persan), la seule langue officielle d’Iran par ailleurs obligatoire selon la Constitution, est fortement influencé par l’arabe, mais emprunte aussi au français et à l’anglais.

L’arabe est également reconnu par la Constitution de la République Islamique d’Iran comme «la langue du Coran, des sciences et des connaissances islamiques» et «doit être enseignée après l’école primaire et jusqu’à la fin du cycle secondaire dans toutes les classes et dans toutes les disciplines».

En septembre, la République islamique avait aussi interdit aux élèves iraniens ou binationaux d’être scolarisés dans les écoles internationales, soutenant que les enfants iraniens avaient l’obligation de suivre le cursus scolaire du pays. Cette décision avait entraîné une brutale chute des effectifs de certaines écoles de la capitale, notamment dans les établissements français et allemands.

Ces mesures s’inscrivent dans la continuité d’une utilisation politique de l’enseignement langues lancée depuis plusieurs années par le régime des mollahs. Une précédente mesure mise en vigueur en 2018 interdisait l’apprentissage de l’anglais en primaire, bien que cette langue soit enseignée en Iran à partir de l’école secondaire.

Deux ans plus tôt, l’ayatollah Ali Khamenei avait prononcé un discours contre la propagation de la langue anglaise dans son pays, assurant qu’il était «malsain» de n’avoir que l’anglais comme langue étrangère principale. «Est-ce logique de promouvoir leur langue avec notre argent ?», avait fait mine de s’interroger le Guide Suprême du pays depuis 34 ans, au sujet de l’idiome du «Grand Satan» américain.