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Une commission de l’ONU accuse Israël d’attaquer «systématiquement» la santé reproductive à Gaza, évoquant des «actes génocidaires», Israël s’insurge

Conflit israélo-palestiniendossier
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Une commission d’enquête des Nations Unies estime ce jeudi 13 mars que «les autorités israéliennes ont en partie détruit la capacité des Palestiniens à Gaza - en tant que groupe - à faire des enfants». Israël «rejette catégoriquement» ces accusations.
Un bébé palestinien dans une couveuse à l'hôpital Patient Friends dans la ville de Gaza, le 25 février 2025. (Jehad Alshrafi/AP)
publié le 13 mars 2025 à 9h21
(mis à jour le 13 mars 2025 à 13h20)

Les attaques «systématiques» d’Israël contre la santé sexuelle et reproductive à Gaza sont des «actes génocidaires», a affirmé jeudi 13 mars une commission d’enquête des Nations unies. «La Commission a constaté que les autorités israéliennes ont en partie détruit la capacité des Palestiniens à Gaza - en tant que groupe - à faire des enfants, à travers la destruction systématique des soins de santé sexuelle et reproductive, ce qui correspond à deux catégories d’actes génocidaires», a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Israël «rejette catégoriquement» ces accusations, a répondu dans la foulée son ambassade à Genève (Suisse). Selon l’ONU, un génocide est un crime «commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux», et cinq types d’actes peuvent être considérés comme constitutifs d’un génocide. La commission estime que deux d’entre eux concernent Gaza : les «mesures visant à entraver les naissances» et la «soumission intentionnelle» d’un groupe à des conditions d’existence «devant entraîner sa destruction physique».

A la mi-journée, le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a dénoncé jeudi les affirmations «fausses et absurdes» de la commission d’enquête de l’ONU. «Au lieu de se concentrer sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par l’organisation terroriste Hamas dans le pire massacre de Juifs depuis la Shoah, l’ONU a une fois de plus choisi d’attaquer l’Etat d’Israël avec des accusations fausses, notamment des affirmations absurdes de violences sexuelles», a affirmé le Premier ministre israélien dans un communiqué. «Le cirque anti-israélien connu sous le nom de commission des droits de l’homme de l’ONU s’est depuis longtemps révélé être une instance antisémite, corrompue, de soutien du terrorisme et hors de propos», a ajouté le Premier ministre.

«Souffrances physiques» des femmes et jeunes filles

«Le ciblage des installations de soins de santé reproductive, notamment par des attaques directes contre les maternités et la principale clinique de fécondation in vitro de Gaza, combiné à l’utilisation de la famine comme méthode de guerre, a eu un impact sur tous les aspects de la reproduction», a souligné la présidente de la commission, l’avocate avocate sud-africaine Navi Pillay. Ces violations ont causé des «souffrances physiques et mentales immédiates aux femmes et aux jeunes filles», mais ont «aussi des effets irréversibles à long terme sur la santé mentale et sur les possibilités pour les Palestiniens, en tant que groupe, de faire des enfants», a ajouté la Sud-Africaine, qui fut notamment présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda.

Dans ce nouveau rapport, la commission pointe du doigt la destruction, en décembre 2023, par les forces de sécurité israéliennes de la plus grande clinique de fécondation in vitro al Basma, qui conservait des milliers d’embryons. Cette destruction «visait à empêcher les naissances de Palestiniens à Gaza» et constitue à ses yeux «un acte génocidaire», selon la commission, créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2021.

Elle conclut également que cette destruction «visait à détruire les Palestiniens de Gaza en tant que groupe». La commission se penche aussi sur les conséquences du blocage de l’aide humanitaire par Israël dans le cadre de la guerre à Gaza, déclenchée après l’attaque sans précédent contre Israël du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

«Destruction physique»

Les forces de sécurité israéliennes «ont délibérément imposé des conditions de vie visant à entraîner la destruction physique des Palestiniens de Gaza», selon la commission, pour qui il s’agit également d’un acte génocidaire. «Des femmes et des jeunes filles sont mortes de complications liées à la grossesse et à l’accouchement en raison des conditions imposées par les autorités israéliennes, qui leur ont refusé l’accès aux soins de santé reproductive - des actes qui relèvent du crime contre l’humanité d’extermination», relève également la commission, qui a déjà accusé Israël de crimes contre l’humanité et le Hamas de crimes de guerre.

Des ONG, dont Amnesty International, et des experts indépendants de l’ONU ont accusé Israël de génocide à Gaza. En novembre, un comité spécial de l’ONU avait également jugé que les méthodes de guerre employées par Israël à Gaza présentaient les «caractéristiques d’un génocide». De son côté, l’Afrique du Sud est à l’origine d’une plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice.

L’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1 218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité. En riposte, Israël a juré d’anéantir le Hamas et lancé une offensive à Gaza qui a fait au moins 48 503 morts, majoritairement des civils, d’après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Mis à jour à 9h40 avec plus de détails ; à 13 h 15, avec la réaction de Benyamin Nétanyahou.