Près de deux mois après avoir été enlevée par le Hamas, le 7 octobre, pendant le festival de musique Tribe of Nova décimé par les assaillants, Mia Shem est libre. La Franco-Israélienne de 21 ans a été relâchée ce jeudi 30 novembre par le groupe islamiste, en même temps qu’une otage de 40 ans, Amit Sossna. Les deux femmes ont été remises au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans la bande de Gaza, en vertu de l’accord de trêve humanitaire entre l’Etat hébreu et le Hamas entré en vigueur vendredi 24 novembre. Elles se trouvent désormais en Israël. Des images publiées sur les réseaux sociaux donnent à voir le transfert de la jeune fille à l’organisation humanitaire. On y voit l’ancienne employée d’un salon de tatouage emmenée dans le camion blanc, au milieu d’une foule de badauds, téléphones brandis pour filmer son départ de l’enclave palestinienne.
Preuve de vie
Dans la foulée du 7 octobre, le visage de Mia Shem était rapidement devenu un des symboles de la capture en Israël de plus de 200 otages, devenus monnaie d’échange dans les négociations avec le gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Conséquence de l’activisme de sa mère Keren Shem parmi les familles de captifs, mais surtout de la publication par le Hamas, le 16 octobre, d’une vidéo qui faisait office de première preuve de vie d’un otage diffusée par le groupe islamiste. Blessée au bras, en train d’être soignée, elle articulait face à la caméra, le visage livide, quelques phrases d’hébreu dont on pouvait supposer qu’elles avaient été dictées par ses geôliers. «Je m’appelle Mia Shem, j’ai 21 ans et je viens de Shoham. Je suis actuellement à Gaza. […] Ils s’occupent de moi, me donnent des médicaments, tout va bien. Je vous demande de me ramener à la maison le plus vite possible, de me ramener dans ma famille. S’il vous plaît, sortez-nous d’ici le plus vite possible», suppliait-elle. L’armée israélienne avait dénoncé un acte de «terrorisme psychologique du Hamas envers les citoyens israéliens».
«C’est très étrange : ils auraient pu la tuer, ils sont venus pour la tuer, et ils l’ont prise et l’ont gardée. […] Je veux juste la serrer dans mes bras et ne pas la quitter», a réagi David Shem, le père de Mia, à la télévision israélienne. Sur le réseau social X, anciennement Twitter, le président français Emmanuel Macron a fait part de sa «grande joie» et de sa «solidarité avec tous ceux qui restent otages du Hamas». «La France agit avec ses partenaires pour obtenir leur libération dès que possible», a-t-il affirmé. Avec la libération de Mia Shem et celles, dans la journée de lundi, d’Erez (12 ans) et Sahar Kalderon (16 ans), et Eitan Yahalomi (12 ans), le nombre de Français portés disparus, et possiblement otages, depuis l’attaque du 7 octobre s’établit désormais à quatre. Parmi eux se trouve Elya Toledano, un ami de Mia Shem âgé de 28 ans, kidnappé lui aussi lors du festival Tribe of Nova.
Pérennité incertaine
La trêve entre Israël et le Hamas a été prolongée in extremis, ce jeudi matin. L’accord entre les deux parties prévoit que huit autres otages soient libérés ce jour par le groupe islamiste, dont deux ayant la nationalité russe, ainsi qu’un groupe de prisonniers palestiniens. De façon inhabituelle depuis l’entrée en vigueur de la pause dans les combats, les libérations d’otages pourraient être échelonnées au cours de la soirée – le fait, selon une source israélienne citée par CNN, de la dispersion des captifs dans plusieurs endroits de la bande de Gaza qui poserait des difficultés opérationnelles supplémentaires. Quelque 80 personnes ont été relâchées par le Hamas en l’espace d’une semaine. Plus de 150 seraient toujours entre les mains de diverses organisations palestiniennes dans l’enclave.
La pérennité de la trêve apparaît cependant plus qu’incertaine, d’autant que le Hamas a revendiqué une attaque qui a causé la mort de trois personnes à Jérusalem. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les belligérants s’étaient tous les deux déclarés prêts à reprendre le combat, le Hamas assurant «maintenir un niveau de préparation militaire élevé», quand Israël prévenait que ses troupes étaient «pleinement positionnées et prêtes pour relancer les opérations». Anticipant le risque d’expiration de l’accord, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé jeudi l’armée israélienne «à prendre toutes les mesures possibles pour éviter que les civils soient touchés». Plus de 15 000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé palestinien dans l’enclave, contrôlé par le Hamas.
Mise à jour à 18h51 avec plus d’informations.